Archives mensuelles : décembre 2016

Un peu de lumière…

Dernier billet de l’année, mon 2245ème publié selon les statistiques de WordPress, ça commence à faire beaucoup et il est de moins en moins évident de trouver à chaque fois un nouveau sujet même s’il ne s’agit d’aligner que quelques mots.

Là, par exemple, que vais-je écrire pour finir cette année et entamer la suivante ? Que je vous souhaite bonheur, santé, prospérité ? Évidemment, je vous souhaite – à moi aussi d’ailleurs – tout cela. C’était d’ailleurs la formule que ma maman écrivait sur ses cartes de vœux qu’elle nous demandait à tous de signer. Je me souviens que je lui ai demandé à plusieurs reprises ce que signifiait le mot prospérité, elle me répondait que c’était difficile à expliquer mais que ce n’était pas grave si je ne comprenais pas, c’était le mot le moins important des trois.

Mais maintenant que je comprends beaucoup de mots, il faudrait que je rédige une formule plus originale (c’est quand même mon métier, n’est-il pas ?) mais je trouve que dalle. Page de vœux blanche. Je regarde autour de moi, on ne sait jamais, peut-être qu’une idée ou un ange vont passer. Mais non, rien.

Alors, je monte aux étages voir ce que fabrique ma femme dans son kot, elle peint ses aquarelles, bien sûr. Je vais peut-être lui voler une idée. Je regarde par-dessus son épaule, elle déteste ça, je la vois poser délicatement des taches de lumière dans les fenêtres de petites maisons isolées dans un paysage d’hiver. Oh ! ça y est, je la tiens ma formule : « Je vous souhaite à tous un peu de lumière en 2017 ».

Ça nous ferait le plus grand bien après cette année sombre, non ?

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Manipub ;-)

Surprise ce matin quand j’ai vu – lu – le sac que j’ai baladé toute la journée d’hier.

C’est celui qui me fut donné à l’achat d’une paire de charentaises dans une boutique à Lille. Je n’ai pas fait attention à ce qui était écrit dessus et l’ai utilisé pour toutes mes courses.  Tu parles si j’ai eu l’air malin quand j’ai  traîné dans les rayons des librairies et que j’y ai glissé mes nouveaux livres.

En fait, j’ai joué toute la journée le rôle de support publicitaire mobile d’une marque de caleçons. C’est dingue, vous entrez dans un magasin pour y acheter des pantoufles et on fait croire à l’insu de votre plein gré que vous sortez avec de nouveaux slips. C’est ce qui s’appelle « être manipulé ».

Ah ! la salope de réclame qui vise toujours en dessous de la ceinture. 😉

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Il est où…

Journée de balade et de shopping à Lille. Marie-Thérèse et moi, on aime beaucoup cette ville. Atmosphère, belles façades, jolies boutiques, chouettes restos dans le vieux centre et surtout de super magasins d’art pour Marie-Thérèse et quelques librairies exceptionnelles pour moi dont le célèbre Furet du Nord et la Maison Tirloy de la rue Esquermoise. Dès que vous poussez la porte de celle-ci, vous passez de l’agitation de la rue commerçante à une ambiance calme, douillette, presque pieuse. Il faut dire que l’endroit est connu pour son étage de livres philosophiques et religieux mais aussi les grandes tables de son rez-de-chaussée offrant un vaste et intelligent choix de littérature générale. Je pourrais y rester des heures à farfouiller dans les piles de bouquins posées un peu partout. Aujourd’hui, je me suis imposé un fil rouge pour mes achats: après cette année grise, je veux commencer la prochaine avec des pages consacrées au bonheur.

Je tombe d’emblée sur le Journal d’un homme heureux de Philippe Delerm dont j’ai déjà parlé un peu dans un billet précédent mais dont je n’avais lu que quelques extraits sur internet. J’apprécie beaucoup le regard de cet auteur. Le titre me plaît. La première phrase du quatrième de couverture aussi: « Je me suis levé ce matin en pensant que la journée allait être bonne ». Vendu, je prends.

Juste à côté, une couverture criarde attire mon regard. Oh mais c’est l’impertinent Jean-Louis Fournier ! De quoi nous parle-t-il ? Du Bonheur à gogos… avec une s qui promet une bonne dose de moqueries agrémentée d’un zeste de cynisme: « Le bonheur est devenu obligatoire » écrit-il.  Je sens que ça va me plaire. Vendu.

Ensuite, je déambule entre les tables, lisant une première page ici, un dos de volume là, comme ça au hasard, comme si j’étais perdu, égaré… tiens, voilà un petit Guide des Égarés signé Jean d’Ormesson qui donne quelques réponses à la question « Qu’est-ce que je fais là?  » (c’est écrit à l’arrière du bouquin). Comme je me demande exactement la même chose à ce moment, je prends le livre et le glisse dans mon panier.

Je vais donc passer mon réveillon et mes premières soirées 2017 près du feu de bois avec des auteurs qui vont me saouler de bonheur. Pendant que Marie-Thérèse qui s’est réapprovisionnée en pinceaux, aquarelles et blocs de papier (elle a vraiment abusé de son porteur personnel) le créera dans des paysages féériques.

Et puis, je me suis offert un cadeau de fainéant : une paire de vraies charentaises. Pour me rappeler de ne rien faire plus souvent. De simplement m’asseoir. De regarder les nuages qui passent et les fleurs qui poussent. En ayant bêtement la banane. Parce que comme le dit la présentation du livre Bonheur à gogos,  » il faut rire de nos petits ou grands malheurs… »

Je vous souhaite une belle et heureuse année à tous.

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On ferme

Vite, que cette année s’achève, please !

Hier matin, j’apprends – ça n’en finira donc jamais – qu’à nouveau un ami du tennis vient de mourir. À peu près en même temps, une amie me confie qu’elle est désormais dans les pinces du crabe. Difficile donc, malgré les loupiottes de Noël et le chant des prochaines bulles dans les flûtes, de garder le sourire.

Mais cela nous ramène – me ramène – à l’essentiel. Comme je le disais à cette amie, la maladie et la mort nous rappellent que ce qui est important, ce n’est pas notre carrière, notre compte en banque, la cylindrée de notre bagnole, notre tour de taille ou notre score au tennis… tout cela n’est qu’anecdotique. Dérisoire. J’oserais même dire ridicule. Non, ce qui compte vraiment c’est d’aimer et d’être aimé. De donner et de savoir recevoir.

En cette veille de Noël et d’Hanouka qui voit la fête de la Paix se mêler à celle des Lumières grâce au soleil qui, exceptionnellement cette année, a rendez-vous avec la lune, en ce jour donc j’ai simplement envie de partager avec vous des mots comme amour, tolérance, hommes de bonne volonté, amitié…

D’aucuns diront sans doute qu’en ces temps mortifères ce sont des paroles de bisounours, je m’en contrefous. Ce sont celles que je voulais écrire avant de fermer mon blog pour quelques jours. Le temps de m’occuper de mes proches : j’ai, en effet, des charrettes d’amour et d’amitié à rattraper.

Bises à tous et à bientôt.

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Mal aux cheveux

Il y avait si longtemps que cela ne m’était plus arrivé que j’avais oublié les séquelles du lendemain.

Hier soir après le tennis, je suis tombé dans ce qu’on peut appeler un guet-à-pintes. Un comptoir, quelques bons vieux mauvais camarades, de la musique blues à voler par terre, un énorme besoin de soupape en cette fin d’année catastrophique qui a vu tellement d’horreur et en particulier, en ce qui me concerne, la disparition de quelques amis tennistiques… il n’en fallait pas plus pour improviser un réveillon anticipé. Mes amis, quelle fiesta, quelle rivière de Jupiler, quel fleuve de Chimay, quelle cascade de blanches de Hoegaarden ! On s’en fiche, on chante, on rit, on se tape sur le ventre, on est bien, demain est un autre jour.

Et, en effet, quand je me suis réveillé « demain », c’est-à-dire aujourd’hui, c’était un autre jour : ça cognait dur sous ma presque calvitie, c’était comme si j’avais  tout Cokerill dans le crâne. J’avais oublié cette horrible sensation, ces nausées, cette migraine, ces déplacements à tâtons, cette difficulté à rester debout.

Mais le plus dur, c’est le regard condescendant de ma femme qui, sourire en coin, me demande si je vais bien. « Évidemment, je vais bien, je me sens frais comme un gardon, même pas mal à la tête ». Tu parles que je vais bien, en réalité je suis sur le point de rendre toutes mes tripes. Mais je me retiens, je fais comme ci de rien n’était. Je crâne (sans jeu de mots). Mais bientôt il sera 18h00, elle partira, enfin, à sa séance de gym avec ses copines. Je pourrai, enfin, après cette interminable journée d’efforts, m’écrouler dans le divan.

Et bien sûr, je me promettrai de ne plus jamais recommencer.

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Santons derrière les barreaux

Il y a des gens que les crèches embêtent. Alors, de plus en plus, elles doivent se faire discrètes, se cacher dans le coin d’un porche d’église ou derrière les rideaux d’une maison privée. Il y a bien encore quelques endroits où elles envahissent l’espace public mais cela ne va plus durer, on enverra si nécessaire les flics pour les démonter.

Chez nous à Nivelles, la crèche ne dérange personne. Elle est planquée dans une des entrées de la Collégiale derrière une lourde grille fermée à double tour. Pour protéger le petit Jésus, ses parents, les anges, les rois mages, les bergers et les moutons. Ou alors, peut-être, pour qu’aucun de ces santons – le roi black surtout – n’aille f….. le b….. en ville. La laïcité aussi doit être protégée !

Moi, ça m’attriste un peu tout cela. Je n’ai jamais compris ce qui dérangeait dans cette représentation en réalité plus traditionnelle que religieuse. Au contraire, je pense même que ce symbole d’accueil serait le bienvenu partout en cette période de vacances de Noël. Ah oui, pardon, on ne peut plus dire ça, cette période s’appelle désormais vacances d’hiver. En décembre 2014, j’avais écrit un petit conte de Noël sur ce sujet. Je le publie à nouveau ci-dessous.

Crèche de No… euh non, de fin d’année

Il neigeait à gros flocons et une bise glaciale soufflait dans les rues désertes de la grande ville en cette nuit du Solstice d’hiver, vous savez cette nuit froide qu’on appelait jadis la Nuit de Noël.

Un homme courbé sous un sac à dos pesant et tenant à bout de bras deux grands cabas en plastique apparemment aussi lourds marchait devant une jeune femme maigre comme un clou mais dont le ventre était rond comme un ballon de football. Enveloppée dans une vilaine couverture, la pauvrette grelottait malgré l’écran de protection contre les rafales que formait son compagnon. Il faut dire qu’il n’était pas, lui non plus, plus épais qu’un sandwich SNCF comme l’aurait chanté Renaud.

Le couple misérable longeait les murs sans trop savoir où aller. On aurait dit qu’il suivait les rares lampes LED clignotantes suspendues aux façades. Jadis, cette nuit-là, quand on l’appelait encore la Nuit de Noël, il y avait partout des décorations lumineuses et colorées qu’on nommait guirlandes. L’homme levait de temps en temps les yeux vers le ciel, les essuyait du revers de sa veste sale et trempée, et scrutait la noirceur comme s’il y cherchait quelque chose. Un signe ? Une indication ? Une direction ?

Soudain, son visage s’est éclairé. Sur la pointe du toit de la Mairie de la Ville, scintillait une croix à cinq branches, vous savez ce qu’on appelait jadis une Étoile de Noël. Il accéléra alors le pas, sa femme le suivant tant bien que mal, pour se diriger vers le porche d’entrée de la Mairie. Il monta les escaliers, et dans un petit coin bien à l’abri de la nuit froide, juste sous l’étoile brillante, il installa son barda pour que sa belle puisse enfin se reposer.

Mais après même pas cinq minutes, la porte de la Mairie s’ouvrit brusquement et un homme en sortit éructant : « Il est interdit de rester ici, dégagez, les crèches ne sont plus autorisées dans les espaces publics ». Les cris de l’individu alertèrent des voisins qui émus par le désarroi du couple lui ouvrirent LEUR porte : « Venez vous réchauffer, nous allons allumer un feu de bois dans la cheminée. Il n’y a quand même plus de vieux bonhomme qui passe par là, la nuit du 24 décembre. » 

Quel vieux bonhomme ? Mais oui, vous savez, ce type à barbe blanche qui venait jadis déposer des cadeaux dans les chaussures au pied des cheminées, sous le sapin, près d’une crèche. Mais oui, vous savez, cette nuit magique qu’on appelait alors Nuit de Noël. (Michel Collart – Décembre 2014)

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Cassé

– Allo papi ?

– Oui

– C’est Awen, est-ce que ton sapin est déjà décoré ?

– Non, je comptais le faire aujourd’hui

– Est-ce qu’on peut venir cet après midi pour t’aider ?

– Très bonne idée, à tout à l’heure.

Je prépare donc l’arbre et deux escabelles pour mes assistants. La tarte aux fruits, le pain d’épices et les galettes qu’ils ont ingurgités avant de passer à l’action ont dynamité leur énergie et leur excitation. Résultat : après l’accrochage de deux ou trois boules, boum, paf, crac, une des plus grosses s’échappe des petites mains et s’écrase sur le carrelage. Mon premier réflexe est de dire au maladroit de faire attention mais les mots ne sortent pas de ma bouche.

Au contraire, je souris et j’accroche la boule cassée bien en évidence dans le sapin. Elle nous rappellera pendant les fêtes que ce n’est pas la joie partout dans le monde.

Il y a, en effet, pas mal de morceaux à recoller sur la boule « Terre ».

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Cadeau

Je suis claqué, j’ai passé toute la journée à Lille pour la chasse aux cadeaux de Noël.

Que de monde dans les rues et les magasins. Que d’odeurs, de cuisine, de parfumerie, de pâtisserie, de livres. Que de bruit, de couverts, de verres, de conversations, de musiques, de moteurs. Que d’images bizarres : des Pères Noël sur des motos pétaradantes, un livre pour enfants au titre maladroit en ces temps troubles, un palais où ma femme se sent bien (mais pas moi), une avenue rien que pour nous une fois…

Je suis claqué mais heureux, dans tout ce bazar, entre guirlandes et clochettes, j’ai trouvé mon cadeau : une carte postale reprenant une citation que j’avais oubliée, une petite phrase de rien du tout qui peut changer la vie. À punaiser au dessus de ma table de nuit pour dès demain matin ne plus oublier: d’abord sourire et puis dire oui.

Merci Père No… non, merci M’sieur Prévert.

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Pâtisserie à pleurer

Hier, mon billet parlait joyeusement de galettes de Noël.

Aujourd’hui, il est question d’autres pâtisseries. De gâteaux à base de pâte d’amandes, de pistaches et de sucre. Des Alépines, de délicieuses douceurs d’Alep. Des desserts que l’on préparait avant dans des cuisines d’appartements bruyantes, dans des arrière-boutiques animées, dans des salons parfumés de vapeurs de thé à la menthe… désormais tous réduits en cendres.

Mes billets parlent rarement de politique. Pourquoi ajouter, je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises, ma salive souvent ignorante aux flots des commentaires des journalistes et chroniqueurs spécialisés ?

Mais aujourd’hui, je n’ai pu résister à l’envie d’évoquer le billet poignant de Nicole Ferroni sur France-Inter (voir lien ci-dessous) dans lequel elle évoque l’épouvantable carnage à Alep en Syrie, sans chercher la polémique, les pourquoi ni les comment. Mais en posant simplement et concrètement le regard que tout être humain normalement constitué devrait porter sur ce drame et ses victimes innocentes : un regard de compassion, d’infinie tristesse, d’indignation.

Elle lit, entre autres, des extraits du Guide du Routard décrivant les pâtisseries d’Alep, symboles de la douceur de vivre là-bas. Avant. Avant l’horreur d’y mourir.

Avalerons-nous nos galettes et nos bûches de Noël comme si de rien n’était ?

https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-nicole-ferroni/le-billet-de-nicole-ferroni-14-decembre-2016

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Saint-Daniel

Décembre, mois des grands Saints sympas.

Il y a d’abord Saint-Éloi et Sainte-Barbe, les saints patrons des ouvriers du fer et des métiers dangereux, qui déposent des bières et encore des bières sur les comptoirs le jour de leur fête.

Ensuite vient la Saint-Nicolas, le patron des enfants sages qui dépose des jouets au pied des cheminées et des bonbons dans les petits souliers. Et puis, c’est fini jusqu’à Noël. Et bien non, ça c’était avant : aujourd’hui, ce n’est pas fini car il y a désormais un autre grand Saint qui fait plaisir à ses amis: Saint-Daniel. D’ordinaire, Daniel est plutôt un diable, un joueur de tennis démoniaque qui aime se foutre de la balle de ses adversaires. Mais quand vient décembre, comme il a beaucoup à se faire pardonner, il se mue en ange pour préparer de succulentes galettes de Noël.

En fait, je viens d’apprendre cela ce soir en découvrant sur Facebook la photo du saint homme auréolé d’une lumière dorée occupé à préparer ses friandises. Mais surtout, j’ai eu le bonheur de découvrir un délicieux paquet-surprise déposé sur l’escalier de la maison de mon petit Maxime que je ramenais de l’école. Saint Daniel est, en effet, le voisin de mon petit-fils et il a pensé à réserver quelques galettes pour nous. Nous les avons croquées de bon coeur et Max les a trouvé, je reprends ses mots, « magnifiquement bonnes ».

Merci Saint-Daniel: ce sont des petits bonheurs comme celui-là qui font les vraies fêtes.

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