Archives mensuelles : mars 2019

Spectacle

– Alors, c’était comment le spectacle de la Fancy Fair ?

– Formidable !

– Cyril a bien dansé ?

– Génial ! Tu veux voir la photo ?

– Oh oui, montre-moi…

– Regarde bien, en dessous de la main gauche du type qui filme, tu distingues un petit cow-boy avec une chemise à carreaux blancs et noirs ? Tu le vois ?

– Euh… oui… enfin… je crois… c’est lui ?

– Mais non, regarde au dessus de la main droite de l’autre mec qui filme ? Tu le vois maintenant ?

– Ah oui… je le reconnais cette fois… oh! il danse bien, hein ?

– Oui, super bien… c’était un très beau numéro !

Merci à l’imbécile avec son polo bleu qui n’a pas cessé de filmer devant moi durant tout le spectacle. Heureusement, je suis souple et en me contorsionnant dans tous les sens, j’ai quand même pu apercevoir et admirer mon magnifique cow-boy de petit-fils 😉

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Couleurs de saison

Le printemps est là et bien là. Avec ses verts tendres, ses jaunes jonquilles et pissenlits, son blanc pâquerettes… Au jardin, bien sûr. Mais pas que. Au dernier étage de la maison, dans l’atelier de Marie-Thérèse, il s’est invité aussi avec ses aquarelles douces et transparentes. Le week-end s’annonce beau, bleu et lumineux.

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Journal intime

Rituel matinal, je prends mon café, une cuiller en main, un portemine dans l’autre. Je commence toujours la journée en écrivant quelques mots dans mon carnet qui m’accompagnera toute la journée pour recueillir mes idées (quand j’en ai) et surtout noter les choses à ne pas oublier (de la liste des courses aux heures de rendez-vous).

C’est mon « journal intime » dans lequel je puise, généralement en fin de journée, un petit « rien » pour mon billet du jour. Et quand je n’y trouve pas grand-chose d’intéressant, je feuillette un livre ou je surfe sur mon ordinateur pour attraper un sujet qui passe, le plus souvent possible aussi léger qu’un papillon. Aujourd’hui, j n’ai pas eu besoin de chercher, j’avais un ami spirituel à mes côtés, Oscar Wilde et ses Aphorismes (collection ‘Arléa-Poche’- n° 121 -) traînait sur mon bureau. À la page 88, il m’a bien fait rire avec cette réflexion immodeste tombant bien à propos : « Je ne voyage jamais sans mon journal intime. Il faut toujours avoir quelque chose de sensationnel à lire dans le train ».

Sauf que je ne prends jamais le train, moi 😉

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Au pas

J’ai perdu le do de ma clarinette
J’ai perdu le do de ma clarinette
Ah si mon papa savait ça tralala
Ah si mon papa savait ça tralala

Au pas camarade
Au pas camarade
Au pas au pas au pas…

Facebook m’a fait un beau cadeau hier ! J’ai découvert sur un blog publiant des photos du passé de Nivelles un cliché datant de ma première année primaire sur lequel je défile avec les enfants de l’École des Frères dans les rues de la ville en direction du stade de la Dodaine où les écoles de l’enseignement libre se réunissent pour la grande fête annuelle de gymnastique. Les petits y feront une démonstration de gym suédoise avec des drapeaux tandis que les grands du collège exécuteront des sauts acrobatiques et formeront des pyramides audacieuses, debout sur les épaules les uns des autres. Ce qui m’impressionnera beaucoup, surtout mon grand-frère Étienne entré cette année-là en secondaire !

J’avais oublié ces moments-là mais cette photo m’a débloqué la boîte à souvenirs. J’ai reconnu avec émotion quelques visages et en particulier celui de mon ami Gérard, le fils de ma marraine, hélas disparu il y a plus d’un an.

On marchait au pas à l’époque, au rythme du sifflet du prof de gym, un ancien militaire professeur d’escrime. Cela ne m’a pas fait du tort car j’ai gardé et cultivé depuis le goût du sport et de l’exercice physique. Aujourd’hui, 65 ans plus tard, j’ai joué au tennis ce matin et d’après mon compteur, j’ai marché ensuite 7217 pas.

Un kilomètre à pied,
Ça use, ça use…
Un kilomètre à pied,
Ça use les souliers.

 

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Pincez-moi

Il est revenu. Depuis deux hivers, je n’en voyais plus dans mon jardin. Je l’ai entendu une fois ou deux peut-être mais guère plus. J’en étais arrivé à penser que le pinson des arbres avait déserté mes fruitiers une fois pour toutes.

Et là, en allant nourrir mes poules cet après-midi, qu’est-ce que je zieute et que j’ouïs dans le mirabellier encore tout déplumé ? Deux copains aux ailes striées de gris, de noir, de blanc, de marron et d’une légère touche de jaune se chamaillent, frigottent, ramagent et sifflent.

Oui, pincez-moi, ce sont bien deux pinsons qui s’amusent. Je souris, je sors mon iPhone de ma poche pour les photographier, non mais tu rigoles espèce de paparazzi de campagne, un pinson digne de ce nom ne se laisse pas tirer le portrait si facilement. Zou, il s’envole et reviendra demain, peut-être.

Je me marre, j’adore les pinsons farceurs. Quand j’étais gamin, on m’avait d’ailleurs baptisé au Patro (les scouts disent totemisé) PINSON JOYEUX.

IMG_3389.jpg Pinson dans mon jardin

3020300243_1_17_1mcGW0Nj.jpg                                                                                                      Pinson dans Wikipedia

 

 

Lecture en couleurs

À quoi servent les livres ?

Hier encore, j’ai eu une belle réponse à cette question. J’assistais à la présentation de son premier livre « Jeunesse » par Gilles Paris à la librairie Filigranes à Bruxelles. Gilles, un auteur-ami que j’ai le bonheur de suivre depuis quelques années et dont j’ai lu tous les romans et quelques nouvelles.

Sa réponse à lui, on la trouve en épilogue de ce dernier livre : « Ce livre-là, je le dédie à tous les Peter Pan qui sommeillent en nous. Et à leurs charmants enfants qui découvriront que la vie peut-être lumineuse s’ils savent inventer des couleurs autour d’eux comme l’arc-en-ciel entre eux orages ».

Inventer les couleurs est, en effet, le titre de ce dernier petit ouvrage joliment illustré et « coloré » par Aline Zalko et publié chez Gallimard Jeunesse – Giboulées. On pourrait également l’intituler Inventer le bonheur car l’enfant qui en est le héros imagine avec ses crayons une vie heureuse pour ses copains et pour son père qui sans lui serait largué dans une vie moche, triste et grise : « C’est toi, mon petit, qui a raison. Il faut inventer les couleurs, là où elles n’existent pas ».

J’ai lu ce livre, de superbes phrases et d’images, en une heure hier soir et il a illustré mon sommeil de rêves bariolés de douceur et de joie. J’y ai retrouvé, encore plus magique que dans les romans « adultes » précédents de Gilles, le fil rouge (et dans ces pages également jaune, vert, bleu, rose, et de toutes les nuances de la boîte Caran d’Ache), ce fil qui consiste à sortir, comme celui d’Ariane, des situations ternes, difficiles et douloureuses. Le fil de la sensibilité, de la bienveillance, de la poésie, du sourire. Le fil de la lumière et de l’amour.

Merci Gilles et Aline pour ce beau livre que je vais m’empresser d’offrir à mes petits gars qui colorent ma vie.

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Demain ?

Aujourd’hui est la journée du Rien.

Jour de pause. De « réflexion à notre monde moderne et au rythme de vie effréné qu’il nous impose ». C’est ce que vient de me révéler mon calendrier : le 25 mars est la Journée Mondiale de la Procrastination, nous devons remettre à demain ce que nous avions prévu de faire aujourd’hui.

Mais je n’avais rien prévu. Qu’est-ce que je fais dans ce cas ? Je remets rien à demain ? Mais ce que j’avais prévu pour demain alors ? Et bien, je vais le faire aujourd’hui.

Dans le fond, on devrait toujours remettre à aujourd’hui ce qu’on a prévu de faire demain. On aurait une vie plus riche, non ?

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Séréternité

Il y a des moments comme ça. Rarissimes.

Après avoir marché pendant presque trois quarts de siècle, effectué des milliards de pas, négocié des millions de virages, emprunté des milliers de routes, par le plus pur des hasards, durant quelques secondes, je me trouve là, à un endroit précis où je me sens exactement à la place où je dois être. À parfaite équidistance de tous les astres de l’univers, posé pile-poil entre le chaud et le froid, le liquide et le solide, le blanc et le noir. Bref, pendant quelques poussières de temps, je suis en connexion totale avec l’instant, détaché du passé et du futur.

Je suis ici, maintenant et nulle part ailleurs. En pleine conscience.

Cela m’est arrivé ce matin très tôt à Feluy quand par je ne sais quelle coïncidence, je suis entré dans cette apaisante petite église en pierres fondée au XIIe siècle, avant de me rendre au cimetière où repose mon frère Jean-Pierre dont j’allais découvrir la nouvelle, belle et sobre pierre tombale.

La lune a cédé la place au faible soleil levant. Un peu de lumière a traversé les vitraux et s’est posé sur le livre des commentaires laissés par les visiteurs de cet endroit hors du temps. « … calme et sérénité » y a écrit un certain Willy.

J’adhère, j’adore, bref instant d’éternité.

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22 mars

Je suis dans la file des voitures qui attendent de passer le contrôle technique. Je dois m’armer de patience, je ne sortirai pas d’ici avant une heure et demie. Il est 6h50. Le soleil s’est levé il y a une vingtaine de minutes. Mon tableau de bord affiche la date du 22 mars, depuis que je ne travaille plus, je m’en fiche un peu, je n’en suis plus à un jour près, je n’ai pas encore ouvert mon agenda.

Sur la piste d’envol de l’aéroport tout proche, les avions aussi font la file. Dans un vacarme assourdissant, à 6h55, le premier décolle, destination Marseille. À intervalles réguliers de quelques minutes, les suivants s’envolent pour Venise, Marrakech, Alicante… Je les photographie, j’ai pour illustrer le billet-évasion dont je viens d’avoir l’idée que j’écrirai tout à l’heure en sirotant mon café à la taverne au bout de la rue.

L’autoroute à proximité est de plus en plus bruyante, le trafic est maintenant intense, parmi les camions et les voitures qui roulent vers les bureaux et les usines, quelques caravanes provoquent des coups de klaxons râleurs, elles s’en fichent, le printemps vient d’arriver. La vie est à présent bien éveillée, bourdonnante, trépidante, un jour nouveau commence et il fait beau.

J’allume la radio, journal parlé de 8 heures.

Terrible anniversaire. Il y a 3 ans. Barbarie à Zaventhem. Douleur épouvantable pour de nombreuses familles. Je pense très fort à elles, j’ai honte, j’avais déjà presque oublié.

J’ai chiffonné le billet léger que j’avais en tête.

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Le batelier du Selonia

Le Selonia s’approche de la passerelle d’où je surplombe le canal de Pont-à-Celles. Ma voiture est au garage pour deux heures, j’en profite pour une petite randonnée au bord de l’eau. Bon, d’accord, je ne suis plus à Marseille, l’eau n’est pas bleu-azur mais vert-caca d’oie, le soleil brille mais au dessus de l’épaisse couche de nuages et le bateau ne vogue pas vers le grand large ou les calanques. Le Selonia rentre à Charleroi après une livraison quelque part dans le Nord du pays, peut-être même en Hollande, d’une cargaison de plusieurs tonnes de ciment ou de ferraille. Je fais signe au batelier qui me répond quand il passe sous le pont.

Et j’imagine sa vie ou ses vies.

Quand il était enfant, il vivait peut-être en Lettonie, dans un village de Sélonie où face aux horizons de la Baltique, il rêvait d’un avenir de marin au long cours, d’explorateur ou de navigateur solitaire. Mais la vie l’aura mené de fleuve en canal jusque chez nous où il est devenu marinier et a donné à sa péniche le nom de sa terre natale.

Ou alors, il est un extra-terrestre originaire de Selonia, une planète du monde de Star Wars. Si l’on en croit la mythologie de cette saga, le personnage serait un Sélonien, un être dont les crocs sont acérés et les griffes des armes redoutables. D’après ce que j’ai pu apercevoir dans la cabine de pilotage, je ne crois pas que ce soit le cas, il me semble plutôt avoir distingué un bon gros nounours rondouillard à la casquette de capitaine Haddock emmitouflé dans un gros tricot en laine.

Le bonhomme est plus vraisemblablement un marinier bien de chez nous, ayant fait son école à Manage à quelques kilomètres d’ici, à l’accent wallon ou chti, amateur de bonnes bières qu’il partage avec ses amis dans les troquets des bords de Meuse ou d’Escaut quand il amarre sa péniche pour le week-end. Un gars solide et chaleureux, comme les bateliers des romans de Simenon. Quoique. Je me souviens vaguement d’un Maigret glauque où la femme retrouvée dans le canal avec le crâne défoncé, avait été assassinée par un batelier chelou.

Attention, marinier ne signifie pas forcément marin d’eau douce.

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