Œuvre d’art ?

Art abstrait ? Ah non, au contraire, art bien concret.

D’abord, il faut du noir. Des petits carrés d’un noir puissant, profond, fascinant comme l’Afrique noire où courent les éléphants.

Il faut les faire fondre et y mélanger du jaune couleur paille, éclat soleil.

Ne pas oublier quelques touches de brun doré comme du sucre de canne.

Et enfin, le plus délicat, incorporer du blanc neige. Ni trop, ni trop peu. Sinon l’œuvre sera liquide ou sèche.

Souvent le vendredi matin, je crée pour mes footeux le dessert qu’ils préfèrent, une délicieuse mousse au chocolat. Œuvre d’art ta mousse Michel, tu ne te vanterais pas un peu ? Ah, ce n’est pas moi qui l’ai dit. C’est mon petit Cyril il y a quelques années.

Le plus dur pour l’artiste, c’est quand il a fini et qu’il doit nettoyer sa palette avec les doigts, obligé il n’y a pas d’autre moyen. Quel sale boulot !

Moral

Dans la cuisine vide, moi qui n’aime pas la radio le matin, je l’ai quand même allumée pour créer un semblant de présence.Michel Polnareff s’égosille sur une musique de symphonie « Dans la maison vide, dans la chambre vide, je passe ma vie à regarder les oiseaux qui passent comme des menaces… ». Je me surprends à fredonner avec lui, certes c’est une chanson triste mais elle m’a toujours donné de l’énergie et j’en ai bien besoin en cette période. Me laisser envahir par des sensations positives, c’est désormais mon mot d’ordre.

Hier soir, par exemple, j’ai fait le plein d’émotions fortes devant La Grande Librairie qui avait invité Salman Rushdie à l’occasion de la sortie de son dernier livre, un véritable événement littéraire planétaire, Le Couteau (éd. Gallimard), une réflexion finalement pleine d’espoir (et même d’humour) sur la vie à partir du terrible attentat dont il a été victime en 2022. À la fin  de l’émission, il nous a livré un texte inédit sur la résilience face aux malheurs de la vie et aux fracas du monde dont voici la conclusion à méditer : « … je me demande s’il est possible d’être à la fois réconcilié avec le monde et d’en éprouver de la colère. Résignation et déception peuvent-elles coexister dans la même œuvre ou le même ensemble ? Je n’en connais pas la réponse. Mais je vais m’efforcer de la découvrir. »

Cette soirée me trotte encore dans la tête pendant mon petit-déjeuner avant d’aller jouer au tennis mon premier match d’Interclubs d’été pour (vieux) vétérans à 10h00. Interclubs d’ÉTÉ ( ?!?!) … tu parles, t’as vu les terrains ? Le ciel a chialé toute la nuit sur la brique pilée et même avec des bottes, il ne serait pas possible de parcourir 10 mètres sur la boue ocre.

On jouera donc sous la bulle comme en hiver. En fait en ce début de printemps de merde, je n’ai joué qu’une seule fois à l’extérieur. Ce matin, j’ai très envie et besoin de me défouler et je ne voudrais pas être celui qui va m’affronter. Avec mon ami Claude, on va gagner ce match, je le sens et on le veut… et on l’a fait. En s’arrachant sur chaque balle et en jouant aussi avec notre tête. Pourtant à l’échauffement, nos adversaires étaient impressionnants et nous pensions qu’ils allaient nous manger tout crus. Et bien non, on leur a mis un cinglant 6-2, 6-1… certes un peu flatteur au vu des échanges serrés, mais bon le tennis c’est comme ça, ça tient à pas grand chose et ça peut partir à tout moment dans tous les sens.

Quand nous avons quitté le terrain, j’ai l’impression qu’il était trempé aussi… de sueur et de toxines, rien de tel pour le moral.

Au revoir Mr Pivot

Vous êtes parmi les quelques enthousiastes à m’avoir donné le goût de lire et d’écrire. Je vous ai souvent cité dans mes billets, Je ne vous remercierai jamais assez, je ne vous oublierai jamais. Au revoir Mr Pivot, je ne crois pas au mot « Fin ».

« Après mon café et cette lecture, je décide de fêter le jour de la Francophonie à ma façon, en allant flâner à la librairie du Shopping Center (quel gros mots pour un jour comme aujourd’hui!) afin d’y échanger enfin un chèque-cadeau reçu à mon anniversaire. J’y ai choisi La mémoire n’en fait qu’à sa tête de Bernard Pivot (éd. Albin Michel), un livre d’amour pour les auteurs français, compilation de souvenirs de lectures et de rencontres, d’anecdotes et de portraits. En le feuilletant, je tombe sur quelques pages savoureuses qui évoquent le “chinois de l’orthographe française” et tous “les accents, les trémas, les apostrophes, les cédilles, les traits d’union…” J’en ai extrait cette citation d’Alexandre Vialatte : “Quand on est amoureux de la langue, on l’aime avec ses difficultés. On l’aime telle quelle, comme sa grand-mère. Avec ses rides et ses verrues.” (Extrait de mon billet du 20 mars 2017)

« Et bien, non. Je ne « trouve » pas toujours les bons mots. Comme n’importe qui, je dois les chercher et parfois je les ai sur le bout de la langue ou à la pointe de mon crayon mais ils ne veulent pas sortir. Simplement parce que je suis à sec. Je viens de lire un livre amusant à ce sujet: Au secours ! Les mots m’ont mangé de Bernard Pivot (Allary Éditions). Il y explique, entre autres, l’esclavage de celui qui vit de sa plume et qui ne peut en public se « laisser aller à dire des banalités, des fadaises, des lieux communs ». S’il mange avec des amis, par exemple, il ne peut dire simplement « Ce navarin d’agneau est délicieux » parce que monsieur Toulemonde peut dire « Ce navarin est délicieux ». Non, de l’écrivain on exige qu’il prononce des mots rares, riches, évocateurs. Alors, s’il est inspiré, il dira « Ce navarin est irréfutable. Ou bien ce navarin est anthologique. Ou mieux : ce navarin est…bocusien ». (Extrait de mon billet du 18 décembre 2017)

Vous étiez souvent de la fête chez nous !

Printemps

Un peu de douceur dans un monde de brutes.

Il y a des slogans publicitaires qui font carrière en dehors de la pub, qui réussissent même à rejoindre, n’ayons pas peur des mots, la philosophie. Allez disons, plus simplement, une certaine philosophie de vie. Quand celle-ci n’est pas facile, plusieurs options s’offrent à nous, la colère, le découragement, le je m’en-foutisme… ou le changement d’approche positif.

Comme par exemple, celui que j’ai choisi ce dimanche. Aller saisir au vol les brefs moments de printemps qui passent entre les gouttes. Aller randonner seul sous un ciel certes agité mais de toute beauté sur les terres de ma petite enfance dans le parc du château de Seneffe.

Comme dit un certain Wiki, le soleil printanier favorise la sécrétion de mélatonine, sérotonine et dopamine, des hormones qui ont un effet positif sur notre humeur et notre moral. Il faut en profiter !

Nouvelle culture

Je n’ai jamais eu un jardin à la française ni de gazon à l’anglaise. Mais mon potager, mes pelouses, mes parterres, mes talus et mes sentiers ont toujours été bien entretenus. Au prix d’heures de travail et de courses parfois effrénées entre les gouttes de pluie et de sueur.

J’en suis arrivé aujourd’hui à ne plus pouvoir, pour un  tas de raisons, assurer tout ce boulot. Mais pas question de ne plus rien faire, mon jardin c’est ma liberté, j’aime trop y travailler. Il me faut cependant un peu lâcher prise.

Alors j’ai organisé une réunion avec mon potager et mes pelouses, ceux qui me prennent le plus de temps. Je leur ai dit, on va changer de culture, on va passer de l’entretien nickel à l’entretien souple, comme dans les bureaux et les ateliers, passage des horaires stricts aux horaires libres. Cela veut dire que certaines tâches ne seront plus assurées. Par exemple, au potager, fini les légumes divers et difficiles mais culture unique de patates pour occuper le terrain pendant trois mois sans effort. Quant aux quelques salades et herbes d’assaisonnement qui me sont nécessaires, un petit coin de bonne terre leur a été réservé. Le potager a accepté cette proposition sans discuter puisqu’il se sentira moins « bousculé » et « exploité ».

Avec les pelouses, au nombre de cinq, j’ai dû faire des choix. Continuer à tondre plus ou moins régulièrement celles qui sont en façade pour garder un accueil correct à la maison (et aussi pour éviter les cancans du voisinage qui pourraient penser que je « laisse tout aller ») mais la grande pelouse à l’arrière de la maison deviendra en grande partie un pré fleuri, c’est-à-dire que l’herbe ne sera plus tondue mais sera folle jusqu’à l’été où j’en ferai du foin pour mes poules. Cela laissera la possibilité aux fleurs et plantes de pousser, surtout celles qu’on considère, à tort, comme des « mauvaises » herbes : pissenlits, pâquerettes, orties, cardamines, bugles, adventices ainsi que des dizaines de modestes anonymes que je ne connais pas.

J’en ai observées deux trois ce matin, il y a pas mal de beauté dans la modestie. 

Last but not least…

Demain, Awen mon petit-fils jouera son dernier match de « jeune » en U17 avec le club de Linkebeek. Son groupe sera deuxième au classement général. Après, il rejoindra les U21 et l’équipe première dont il fait déjà partie du noyau.

Ça me fout un petit coup de blues car j’accompagne cette équipe depuis qu’ils ont neuf ans. À l’époque, j’étais leur « papi oranges » car je leur apportais des quartiers d’oranges juteuses et vitaminées pour qu’ils se requinquent entre les quarts-temps.  

Que d’émotions en 8 ans autour des pelouses synthétiques foulées par ces vaillants et talentueux winners, que de week-ends partagés avec leurs parents-supporters devenus des amis, que de joyeuses pintes dans les buvettes après les belles victoires, que de kilomètres parcourus dans le superbe Brabant Flamand, le Pajotenland, dont je connais dorénavant de nombreuses petites routes merveilleuses à travers la campagne de Bruegel.

Non le vrai foot ce n’est pas ces excès qu’on voit à la télé, ces éructations de débiles mentaux, ces brutalités sur les terrains, c’est aussi et surtout des milliers de clubs sympas, de gamins et de parents qui adorent se retrouver chaque semaine autour d’un ballon, qu’il pleuve, qu’il vente et même qu’il neige. J’ai dans mon ordinateur – et surtout dans mon cœur – des centaines de photos de sourires et de larmes, souvenirs de samedis et dimanches heureux.

Mais ce n’est pas fini ! J’irai voir Awen la saison prochaine en équipe première, la plupart du temps en match nocturne, et l’enfance/adolescence footeuse continuera pour moi avec mon jeune Cyril qui évolue en U13 au Léopold d’Uccle.

Come on boys !  💚 pour Linkebeek et 💙 pour le Léo.  

Fondamentaux

Quand tu patauges dans la semoule au tennis, il ne faut surtout pas t’énerver. Pas imiter les stars du mauvais exemple qui cassent leurs raquettes, eux évidemment ils ne les paient pas, ni te lamenter sur ton manque de chance, ni frapper ce p….. de filet qui est trop haut, ni accuser les lignes de jouer contre toi. Non, il faut (c’est facile à dire mais pas forcément à faire) en revenir aux fondamentaux. C’est-à-dire retrouver les 4 C. C pour calme, concentration, confiance, combativité.

Dans la vie, pour moi, il y a un 5ème C. Celui de Collégiale de Nivelles. Un lieu où je retrouve toujours la sérénité. Mais elle est en travaux depuis quelques mois (années ?) et ce n’est pas près d’être fini. Au point où ces dernières semaines, je ne pouvais même plus y entrer. Ses deux portes étant inaccessibles derrière des barrières métalliques protégeant les travaux. J’ignorais que le portail de gauche que je croyais condamné était réouvert et je ne l’ai découvert que samedi passé en faisant mon marché.

Je suis donc entré, il n’y avait personne, sauf peut-être le bon Dieu, si on y croit, car la petite lumière rouge près du tabernacle était allumée. Je me suis assis dans le fond près de la chaire de vérité dans un rayon de faible lumière qui traversait un vitrail. Très rapidement, le calme, la concentration, la confiance et la combativité m’ont regagné.

Comme je prends beaucoup de photos pour ne pas oublier les instants qui me marquent, dès que je me suis retrouvé sur le marché, j’ai tiré le portrait de la Collégiale entourée des étals et de cette ambiance qui, je ne sais pourquoi, me rassure.

Et ce matin, comme j’étais réveillé aux aurores, j’ai repris mon carnet et mes crayons auxquels je n’avais plus touché depuis ce maudit 11 mars qui a frappé Marie-Thérèse. Et j’ai dessiné ma photo.

Siffler ♫ en travaillant ♬

8h00 brrr… ça caille dehors… il fait à peine 3 degrés. Alors, j’y vais ou j’y vais pas ?

Depuis le temps que j’attends que la pluie s’arrête, mes haies ont terriblement poussé et il est urgent que je les taille. J’ai regardé la météo, ces prochains jours devraient être à peu près secs mais frisquets. J’ai donc décidé de me mettre à jouer du sécateur et du taille-haie cette semaine. Mais voilà… mon temps est compté et je crains que mes doigts soient vite gelés.

Perché sur mon (son) chêne, mon copain du matin siffle à tue-tête. Allez mon vieux, semble-t-il me dire, au boulot, ne remets pas à demain les haies que tu peux tondre aujourd’hui.

En fait quand le merle siffle, cela signifie, selon certains observateurs, qu’il va pleuvoir le lendemain. Je l’ai écouté, j’ai sifflé avec lui et j’ai attaqué une partie du boulot.

Mais il en reste encore pas mal, en fait de quoi occuper toutes les journées sans pluie… et avec 😂

Beautiful people

L’énorme pick-up noir se gare à reculons au sommet de la rue devant une petite voiture bleu-ciel d’une jeune automobiliste, je suppose (sans machisme, hein !). L’attache-remorque du mastodonte touche le pare-choc de la mini. Un escogriffe attifé d’un training crado et d’une casquette vissée à l’envers sort du monstre accompagné d’une petite obèse aux cheveux gras, elle aussi en training douteux rose sale. On dirait deux échappés de la série télé Baraki. En nettement moins rigolos et moins sympas.

Je suis sur le trottoir et m’adresse gentiment (et prudemment au gaillard) en lui montrant du doigt la petite bagnole coincée derrière son vaisseau : « Comment va-t-elle sortir de là ? ».

« Bê elle sortira pas, tiens ! » répondit-il en rigolant bêtement. Surpris par cette réponse, j’enchaîne « Euh… c’est pas très sympa surtout que vous avez assez de place devant votre véhicule pour avancer de près d’un mètre ».

Tout de suite, le type s’énerve « Et ta gueule, t’es pas dans la police, mec ! ». Sa femme s’y met aussi « Elle a assez de place pour reculer et manœuvrer ». Ah oui, c’est vrai après tout, il y a pas loin de 20 cm derrière elle. Facile pour « manœuvrer » comme dit l’autre quand on est stationné en côte. J’ose encore un timide « Mais restez calmes, je vous ai adressé la parole gentiment »… « Fais pas chier, dégage vieux con ! » éructe le baraki en quasi apoplexie.

Je ne suis pas un héros, j’ai dégagé illico presto sans prendre de photo de peur qu’il me fracasse mon iPhone et mon nez en même temps.

Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil chantait déjà Jean Yanne en 1972. 😁

Croisière

Nouvelle activité du dimanche-matin : croisière sur des vagues de coton bleu et blanc. J’essaie tant bien que mal de lisser les plis et lames qui gondolent les T-shirts, robes de nuit, chemises, caleçons et culottes charriés par la machine à laver après avoir été ballotés dans l’écume blanche et rincés à l’eau douce.

Je branche mon fer à repasser sur température et vapeur maximum et larguez les amarres, c’est parti.

Ce pourrait être une corvée mais je préfère l’envisager comme une croisière. Un voyage de rêve à destination de souvenirs heureux, vécus ou non. J’ai fait escale le temps de prendre une photo à Gran Canaria… où je n’ai jamais accosté dans ma vie réelle. C’est un cadeau d’un de mes petits fils qui avait l’habitude de me rapporter à chaque voyage un T-shirt de ses vacances. J’ai ainsi joué au tennis avec le maillot de pays différents. Gagnant tantôt pour la Grèce, perdant ensuite pour l’Espagne.

Je n’ai jamais, dis-je, été aux îles Canaries et n’y irai jamais. Derrière les rêves des vacanciers qui s’y rendent, il y a la grogne des habitants qui n’en peuvent plus d’être envahis par le surtourisme.

T-shirt suivant pour mon fer à repasser ? Retour Belgium : Belge une fois 😉