Archives mensuelles : décembre 2015

Oh la belle bleue !

Enfin, 2015 s’achève. Année sombre. Pas de grand feu d’artifices pour te dire adieu, tant mieux. Vivement 2016 que j’espère, même si c’est naïf, plein d’espoir, ce mot désuet et désormais obsolète.

Mais on peut toujours rêver, non ? Alors cette année, je vous la souhaite lumineuse, joyeuse, légère, souriante, farceuse, douce, sereine, paisible, craquante, gourmande, dansante, bref explosive de bonheur.

Bleue comme un ciel sans nuages.

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(source Google images)

 

2015 en révision

Les lutins statisticiens de WordPress.com ont préparé le rapport annuel 2015 de ce blog.

En voici un extrait :

Le Concert Hall de l’Opéra de Sydney peut contenir 2 700 personnes. Ce blog a été vu 26 000 fois en 2015. S’il était un concert à l’Opéra de Sydney, il faudrait environ 10 spectacles pour accueillir tout le monde.

Cliquez ici pour voir le rapport complet.

Leçon à l’index

– Tu vas voir, Awen, c’est dingue ! Tu n’imagines pas ce que mon copain Alain est capable de dessiner avec son index magique sur l’écran de son iPhone !

– Comment ça, dessiner sur son iPhone ? Il a un secret ?

– Oui, il possède évidemment un programme graphique sophistiqué mais il le maîtrise tellement bien et d’une manière si personnelle qu’il peut exprimer tout son talent dans des portraits, des paysages ou des dessins de BD. Quand on sera à son expo, tu lui demanderas s’il veut bien te donner des explications mais peut-être qu’il ne voudra pas dévoiler ses trucs.

Pour remonter le moral que j’avais dans les talons ce matin, je suis allé me balader avec l’aîné de mes petits-fils. Après un spaghetti pour lui et unstoemp-saucisse pour moi dans un petit resto du Sablon, promenade dans les rues d’antiquaires avoisinantes et ensuite, clou de la journée, visite de l’expo de mon ami Alain Godefroid, artiste-peintre-illustrateur digital.

Quand nous arrivons chez Alain, Awen s’intéresse d’emblée aux œuvres exposées et demande à l’artiste s’il veut bien révéler sa technique. Je n’ai pas le temps de lui dire que c’est confidentiel qu’Alain lui prête son iPhone et lui montre quelques astuces du bout de son doigt génial. Aussitôt, Awen s’entraîne et complète joliment une base esquissée par le Maître. Pendant que l’élève travaille, les deux vieux copains papotent dans un coin de la galerie. Au bout d’un certain temps, Awen nous montre son « œuvre » en précisant

– C’est un peu asiatique, non ?

C’est vrai que le dessin a un côté zen. D’ailleurs, si le jeune créateur m’y autorise, je l’utiliserai bien en en-tête de mon compte Facebook. Avant de partir, Awen fouille encore les boîtes débordantes de dessins et trouve que tout cela « n’est pas mal ». Une fois dans la rue, nous discutons de l’expo. Awen a vraiment bien apprécié, surtout un dessin représentant César, le chien d’Alain, ainsi qu’un paysage d’hiver mais il a une petite remarque:

– Tu ne trouves pas qu’il demande un peu cher pour un dessin, papi ? 

Je lui réponds que non, qu’il passe de longues heures à les réaliser et surtout que le talent, ça se rémunère.

– Oui, mais 100 EUR pour un dessin, c’est beaucoup, moi je n’ai que 23 EUR dans ma tirelire, hein ! Et il ajoute, en rigolant : Dis papi, tu voudras bien m’imprimer mon dessin en plusieurs exemplaires ? Un pour moi… et quelques uns pour vendre à mes amis.

– Oui , OK, mais je pourrai quand même l’afficher sur mon compte Facebook ?

– Évidemment, et pour toi c’est gratuit, t’es mon papi.

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Lever les yeux

Un peu de cafard. C’est aujourd’hui l’anniversaire de mon frère Jean-Pierre parti le 31 août dernier.

Le 28 décembre, c’est aussi le Jour des Saints Innocents, ces bambins massacrés par le roi Hérode afin que Jésus le nouveau-né meure « dans le tas » et ne menace pas son pouvoir. Comment ne pas penser à tous ces autres enfants mais aussi adultes et vieillards innocents qui ont péri depuis, assassinés pour rien, par l’épée, le sabre, les pierres ou la kalachnikov ? En cette fin d’année en particulier. Comment ne pas trembler à l’idée des menaces noires qui planent au dessus de nous ? Niveaux 3, 4, 5. Niveau nul, surtout.

Comment ne pas être perturbé en cette période de « fêtes ». Pour être honnête avec vous, j’en ai déjà assez de ces lampions et de ces feux d’artifices qui n’ont même pas encore explosé.

Je regardais la télé hier soir, l’émission ONPC en différé. Ça m’a déprimé, ces cinq chroniqueurs roquets, bateleurs des médias et champions de la parlotte qui s’écoutent et agressent verbalement leurs interlocuteurs. Quel flot ininterrompu et criard de questions sans réponses, de « vannes » confondant vulgarité et audace, quels nombrilisme et autosatisfaction. Et puis, ne sachant pas dormir, j’ai zappé de rétrospectives terribles en bêtisiers et variétoches, sans transition.

L’année a été dure, mais il faut tenir. Passer sans complexe des rafales aux pétards. Il faut oser vivre, rire, s’éclater (non, ce mot n’est pas approprié). Surtout faire la fête. Aujourd’hui, si tu ne danses pas, tu es un faible. Ça signifie que tu as peur, que tu baisses l’échine devant le terrorisme. Et bien, désolé, moi j’ai du mal. J’ai donc coupé le sifflet au chanteur et renvoyé ses danseuses en coulisses, et j’ai allumé mon ordinateur pour écrire un billet. Mais je n’y suis pas arrivé. Trop flou dans ma tête. J’ai donc suivi un peu le flux d’actualités. Entre photos de petits chats et d’horreurs djihadistes, je n’en sortirai donc pas. J’ai fait alors ce que je ne fais jamais, j’ai cliqué sur un test de personnalité, l’analyse de mon caractère par je ne sais quel algorithme débile, ça m’a achevé : j’aurais 79 ans d’âge mental. J’ai compris : ce doit être ça la vraie raison de mon cafard, je suis désormais trop vieux pour aller danser. Reste plus qu’à me coucher, ce que j’ai fait d’humeur maussade. Mais tôt ce matin quand j’ai regardé par la fenêtre, mon humeur sombre s’est éclaircie : j’avais devant moi un spectacle pyrotechnique extraordinaire.

Allez, tout n’est pas si moche quand on lève les yeux.

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Plus fort ?

Depuis deux jours, je n’ai plus d’oreille. Et pire, je n’ai plus de voix. J’ai beau parler, on ne m’entend pas. Et quand on m’appelle, je ne réponds pas. Mes circuits sont niqués y a un truc qui fait masse… je suis donc allé voir l’iToubib.

Oups ! qu’il a dit après quelques manipulations du bout des doigts.  Il n’y a plus rien à faire. Vous êtes arrivé au bout du rouleau. Fin de vie. Trop vieux.

« Trop vieux ? Mais il n’y a que 4 ans que… ». Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase que le spécialiste me coupe : « Mais c’est une éternité, ça Monsieur. Ce modèle date, en fait, de 5 ans. C’est un iPhone 4, un ancêtre quoi, savez-vous qu’on en est aujourd’hui au iPhone 7 ? Alors, vous pensez, le vôtre, on ne peut plus rien pour lui. Tout le système de sons est foutu. Si au moins vous aviez un iPhone 4 S, il serait encore réparable pour 79 €, mais là, je peux juste vous proposer un échange standard + 198 € ». Je réfléchis deux secondes et réagis « Vous appelez ça un échange standard ? Moi j’appelle ça de la vente d’un rossignol – si je vous comprends bien – pour 200 €. Et si j’achète le modèle au-dessus, vous me faites quoi comme conditions ? ». Le gars me baratine un truc incompréhensible qui, en fait, signifie qu’il ne peut rien faire.

Bon, je ne peux pas rester sourd et muet, j’ai besoin d’un nouvel appareil. Je m’y attendais. Je sais que je suis client captif, je râle un peu pour la forme mais j’opte pour le iPhone 5 S, plus une coque de protection, plus… non plus rien. Le jeune homme est bon vendeur mais il ne me refilera pas quand même son assurance à 10,99 € par mois pendant deux ans. Comme il fait bien son boulot, il me félicite pour mon achat et m’assure que je vais être un autre homme. Beaucoup plus performant. Avec deux fois plus de mémoire, une capacité d’audition maximale, une voix claire et puissante, beaucoup plus de capacités, de rapidité, de puissance… Bref, pour attaquer 2016, je serai plus fort à tous points de vue.

Enfin presque, car quand j’ai composé le code de ma carte de crédit, je me suis senti économiquement plus faible.

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Noël imprévu

Je tourne et je tourne et me perds dans les petites rues sombres et glauques du Nord de Charleroi. Je cherche l’impasse de l’Abri de Nuit. Soudain, je vois une lumière vive au bout d’un chemin de terre bordé de garages. C’est là. L’établissement n’est pas encore ouvert, les démunis attendent sous une bruine grasse, engoncés dans leurs sweats et anoraks à capuche, les mains dans les poches ou serrées sur un gobelet de soupe qu’un brave type leur sert à l’arrière de sa petite voiture transformée en misérable food truck. De temps en temps, les couleurs d’une fusée de feu d’artifices éclaire le ciel noir et nous rappelle que c’est la nuit de Noël.

Mais que fais-je dans cet endroit ce soir ? C’est le hasard qui m’a amené là. Normalement, je devrais être assis à une table de fête à la maison mais un contretemps familial nous a contraints à remettre la tradition à plus tard. Rien de grave, juste un imprévu. Mais voilà, j’avais déjà préparé la bouffe.

Le mot « bouffe » n’est pas approprié, je devrais dire, mais ce pourrait être pris pour de la vantardise, le festin. En effet, hier toute l’après-midi, j’avait fait lentement mijoter, après les avoir dorées à la poêle, six belles roulades de lapin mouillées d’un peu d’eau et d’une bonne bière brune accompagnées d’échalotes, d’oignons, de carottes, de tomates, de raisins secs et de quelques mirabelles de mon jardin au miel et au vinaigre.

Deux grandes casseroles bien remplies sont au frais à la cave, il ne restait qu’à réchauffer leur contenu pour ce soir. Et il y a bien là de quoi nourrir 12 à 15 personnes. Chez nous, c’est la tradition dans nos familles, on voit toujours les assiettes en grand. Mais qui va donc manger tout ça maintenant ?

Il n’y a pas de resto du cœur dans mon coin. Je téléphone au CPAS, c’est fermé. J’appelle alors un numéro d’urgence et là, on me répond d’essayer de porter les plats à un abri de nuit où chaque soir à partir de 21h00, on accueille une trentaine de SDF, d’alcolos, de toxicos, de paumés en tous genres. On me donne l’adresse mais je ne promets rien, l’endroit n’est pas des plus rassurants. Mais c’est Noël, je ne vais quand même pas poser un lapin avec mes roulades de lapin (je sais, c’est facile). J’ai réchauffé les roulades et les légumes dans des raviers en alu, les ai bien emballés et suis parti.

Quand je suis arrivé près du type qui distribue la soupe, je lui ai expliqué mon affaire en regrettant toutefois de ne pas avoir assez de bou… non de festin pour tout le monde. « Mais c’est sympa comme ça » me dit-il « on va partager ».

Chez ces gens-là, Monsieur, on ne discute pas, on agit. Il y avait une femme dans le groupe, tout le monde est immédiatement d’accord pour que je lui donne le premier ravier. Il y avait aussi un tout jeune homme, grelottant, sans doute un nouveau, le groupe décide que le deuxième ravier est pour lui. Quant au troisième, « on va tous le goûter un peu » disent-ils en souriant.

Je les ai alors quittés, gêné de retourner dans mon petit confort douillet près de mon feu ouvert, en entendant des mercis et des « Joyeux Noël M’sieur » dans mon dos. La gorge serrée, je me suis retourné et leur ai répondu « Et vous les gars, Courageux Noël !»

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Prospérité

Une fois par an, je décapuchonne mon beau stylo. Juste avant Noël. Pour écrire quelques cartes de vœux, à la main.

Oui, je suis encore de ceux qui souhaitent un Joyeux Noël et une Bonne Année à l’encre au verso d’une carte kitch achetée au profit de l’Unicef, de Handicap International, des Aveugles, des Artistes peignant de la bouche et du pied, j’en passe et des meilleurs. Vieille habitude. Je traîne encore dans de nombreux fichiers, toujours sous le nom de MC. Collart SPRL, et je reçois au début de l’automne plein d’enveloppes bourrées de cartes postales accompagnées d’un bulletin de virement que je continue à compléter, même si j’en écris de moins en moins. Chaque année, hélas, la liste de mes correspondants diminue et je dois dire aussi que je n’envoie de carte manuscrite qu’à mes tous, tous proches.

Mais pour ce Noël, j’ai quand même élargi mes fournisseurs : j’ai commandé quelques cartes aussi pour la lutte contre le cancer, même si je ne devrai plus jamais en envoyer à mon frère Jean-Pierre.

Mais d’où vient cette vieille coutume dont je ne peux me débarrasser alors que je n’écris plus jamais à la main (sauf au crayon dans mon carnet de notes) depuis mes 16 ans, lorsque ma mère m’apprit à dactylographier ?

Et bien d’elle justement. Je crois l’avoir déjà raconté dans un précédent billet: pour ma mère, la tradition des cartes postales était sacrée. Elle passait plusieurs soirées avant les fêtes à calligraphier de jolies petites cartes qu’elle nous faisait ensuite signer, chacun de mes frères à notre tour. Je me souviens encore des mots qu’elle écrivait et qu’enfant je ne comprenais pas toujours. Il y en avait un notamment qui ponctuait tous ses vœux : le mot « prospérité ». ??? . Santé, bonheur, joie… je comprenais, mais « prospérité », qu’est-ce que ça voulait dire ?

Elle m’expliquait que ça signifiait « avoir assez d’argent pour vivre… mais pas trop quand même car l’argent ne fait pas le bonheur ». Que ça voulait dire aussi « avoir un bon travail et être heureux de l’accomplir ». Et encore « d’avoir une belle famille en bonne santé et qui grandit ». Et encore « d’être riche en amis ». Et encore… Bref, si je comprenais bien, la « prospérité » c’était tout ce qu’il y avait de mieux à souhaiter à ceux qu’on aime. En plus de la santé, bien entendu.

Alors en cette presque veille de Noël, je vous écris de ma plus belle patte de mouche tous mes vœux de ceci, de cela, de ce que vous voulez mais surtout de PROSPÉRITÉ !

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Fantastique

Le peintre « Aglane de Nivelles » habitait à deux pas du Collège quand j’y suivais mes humanités. On le voyait souvent se promener avec son chien le long du parc de la Dodaine. Cet homme m’impressionnait car je me souviens de quelques expositions de ses tableaux à l’hôtel de ville qui me troublaient beaucoup à l’époque. Symboliste et surréaliste, Aglane qui aurait plus de cent ans aujourd’hui a produit une œuvre riche et féconde qui a marqué l’histoire artistique de notre ville.

En promenade avec mes petits Cyril et Maxime cet après-midi, je suis tombé par hasard sur une expo de ses tableaux « religieux » dans la Collégiale. Oups, j’ai cru que sa peinture serait effrayante et ennuyeuse pour des gamins. Mais pas du tout, ils ont trouvé le petit Dyonisos sans slip très rigolo et Cyril avait même envie de danser avec lui.

C’est cela, l’art fantastique.

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Brrr… c’est bientôt Noël

(Petit conte de saison)

Rien n’était normal cette année-là.

Un bon mois avant Noël, alors que des gens faisaient déjà la fête sur les terrasses des boulevards, que d’autres chantaient dans un stade, que d’autres encore se trémoussaient dans une salle de concert, des fous semaient la mort.

Rien ne tournait rond cette année-là.

Quelques semaines avant Noël, alors que des foules déambulaient sur les marchés qui sentent bon le vin chaud, les aiguilles de sapin et le parfum des bougies, on découvrait à tous les coins de rue des policiers et des militaires armés jusqu’aux dents. Les anges blonds patineurs, les barbus blancs rigolards ou les bergers marchands de fromages ne souriaient plus comme jadis. Il y avait désormais comme de l’angoisse dans l’air.

Rien de bon ne s’annonçait cette année-là.

Quelques jours avant Noël, le climat pétait les plombs, on transpirait sous les traditionnels « jumper pulls », le thermomètre batifolait aux alentours autour des 15°, les bourgeons éclataient sur les arbres fruitiers, les pâquerettes trouaient le gazon à la place des perce-neige. Les bûches qui crépitaient dans les feux ouverts, juste pour l’ambiance – c’était bientôt Noël quand même – créaient un climat lourd et malsain dans les chaumières. Et l’on mangeait des crèmes glacées à la place des pots-au feu, on allait s’asseoir dehors pour siroter des boissons rafraîchissantes.

Rien n’était plus comme avant, cette année-là.

L’hiver ne voulait pas venir. Comme s’il voulait nous épargner. Ne pas laisser le gel nous mordre les doigts, la bise piquer nos yeux, la neige gercer nos joues. En fait, cette année-là, il n’y avait plus assez de froid pour geler l’extérieur, les jardins, les forêts, les paysages. Tout le froid possible et imaginable avait envahi nos cœurs. Transis par trop de violence, trop d’horreurs, trop de haine.

Juste avant Noël, un petit article dans le journal annonçait un phénomène particulièrement rare pour la Sainte Nuit. Elle serait, prédisaient les mages des instituts météorologiques, exceptionnellement éclairée par une pleine lune. Synonyme, selon les savants de toutes les époques, de changement de temps. Annonciatrice de froid intense, peut-être, qui savait ?

Cette nuit-là, au douzième coup de minuit, la lune s’illumina, le thermomètre chuta, la neige se mit à tomber à gros flocons et le vent à hurler dans les cheminées. Le froid glacial désertait enfin les cœurs et venait givrer, comme il se doit, la magie de Noël. D’un Noël blanc.

Et tout le monde dansa et chanta pour se réchauffer.

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