C’est une de mes expressions favorites. Y a pas d’avance ! Quand faut y aller, faut y aller. Pas la peine de freiner des quatre fers, il est l’heure d’aller de l’avant, ça ne sert à rien de soupirer, de baisser les bras, de rêver aux beaux jours d’avant. Y a pas d’avance !
Ce belgicisme traduit assez bien la mentalité des gens de chez nous, à la fois résignés et courageux. Résignés car, y a pas d’avance, faut suivre le mouvement, il est inutile de marcher à contre sens. Courageux car, y a pas d’avance, quoiqu’il arrive, il faut relever les défis.
Aujourd’hui, le soleil donnait un air de faux printemps au jardin. Même le merle s’est laissé prendre au leurre. Sur la plus haute branche du cerisier, il sifflait sa bonne humeur. Quel con ! Ne voit-il pas que derrière le sourire printanier coulent les larmes grises d’un monde qui replonge dans la peur et le malheur ?
Mais, à y réfléchir, est-il vraiment si sot de chanter que ça iraaaa mieux demaaaain ? Est-il si absurde de croire aux jours meilleurs et de faire chacun à notre place ce que nous avons à faire ? Moi, mon job de bonhomme qui prend de l’âge est de préparer la terre pour que le printemps puisse s’y installer pour relancer la vie. J’ai donc sorti les outils de ma cabane, rouillés comme mes muscles. Bien qu’encore plus lourds que l’année dernière, j’ai fait l’effort de travailler avec, pas des masses je l’avoue. Mais j’en ferai un peu plus demain, c’est promis, et puis après-demain, et ainsi de suite. Et petit à petit, le jardin sortira de son chagrin hivernal et l’on verra à nouveau y danser des reflets de soleil et des espoirs de bonheur.
Il faut y croire, y a pas d’avance.