Depuis deux jours, on nous gave les oreilles avec le Grand Prix de F1 à Francorchamps. Une fois dans ma vie, j’y ai assisté, je travaillais alors dans l’agence de pub de Shell. J’ai un souvenir horrible de cette journée, le bruit insupportable, la monotonie de ces voitures qui tournent en rond, l’absence de spectacle, je ne sais même plus qui a gagné et qui a perdu. Et puis aussi le retour sur la route vers Bruxelles avec les « ploucs », les vrais, au volant de leur grosses cylindrées, qui zigzaguaient dangereusement d’une bande de circulation à l’autre pour réaliser des dépassements comme leurs héros.
Aujourd’hui, sur Facebook, un ami a publié une photo du public assis dans la boue des talus, des passionnés qui n’ont pas l’argent pour s’offrir une place en tribune, en les qualifiant de « ploucs », sans méchanceté sans doute et en s’y associant. Confondant « plouc » et « sans gros moyens financiers ».
Or « plouc » a un sens plus dénigrant : « grossier, sans éducation, inculte, ayant des goût de chiotte ou bling bling comme on dit aujourd’hui. Je suis de ceux qui pensent qu’effectivement la F1 est désormais un sport de « ploucs ». Dans un monde où l’on doit réduire notre consommation d’énergie et d’émissions de CO2, ce sport est parfaitement « grossier », arrogant et je-m’en- foutiste quoiqu’en disent ses défenseurs. « Ouais, mais tu sais, c’est sur les pistes de F1 que l’on améliore ta voiture, la F1 est un laboratoire pour les moteurs de demain ». Il y a sans doute un peu de vrai là-dedans mais la F1 a surtout une influence néfaste sur l’évolution des mentalités environnementales et sur les comportements des conducteurs lambda qui se prennent pour des Max Verstappen collant aux pare-chocs des conducteurs « lambins » (dont je suis) n’hésitant pas à prendre des risques jusqu’à couper la ligne blanche pour les doubler quand ils respectent les 30 ou 70 km/h, ce qui m’est encore arrivé hier et fait bénéficier d’un gracieux doigt d’honneur. D’accord, tous les fans de F1 ne sont pas comme ça mais nombreux d’entre eux s’imaginent quand même meilleurs conducteurs que les autres.
J’ai créé des pubs il y a très longtemps pour BMW, c’était au début de mes années de copywriter à l’agence Publicontrol, et je me souviens avoir commis le slogan suivant, une sorte de mantra, pour leur département sport automobile : VAINCRE POUR CONVAINCRE.
Aujourd’hui ce serait pour convaincre qui et de quoi, en fait ?
Photo motorsport.com