Archives mensuelles : juillet 2023

Sport de ploucs ?

Depuis deux jours, on nous gave les oreilles avec le Grand Prix de F1 à Francorchamps. Une fois dans ma vie, j’y ai assisté, je travaillais alors dans l’agence de pub de Shell. J’ai un souvenir horrible de cette journée, le bruit insupportable, la monotonie de ces voitures qui tournent en rond, l’absence de spectacle, je ne sais même plus qui a gagné et qui a perdu. Et puis aussi le retour sur la route vers Bruxelles avec les « ploucs », les vrais, au volant de leur grosses cylindrées, qui zigzaguaient dangereusement d’une bande de circulation à l’autre pour réaliser des dépassements comme leurs héros.

Aujourd’hui, sur Facebook, un ami a publié une photo du public assis dans la boue des talus, des passionnés qui n’ont pas l’argent pour s’offrir une place en tribune, en les qualifiant de « ploucs », sans méchanceté sans doute et en s’y associant. Confondant « plouc » et « sans gros moyens financiers ».

Or « plouc » a un sens plus dénigrant : « grossier, sans éducation, inculte, ayant des goût de chiotte ou bling bling comme on dit aujourd’hui. Je suis de ceux qui pensent qu’effectivement la F1 est désormais un sport de « ploucs ». Dans un monde où l’on doit réduire notre consommation d’énergie et d’émissions de CO2, ce sport est parfaitement « grossier », arrogant et je-m’en- foutiste quoiqu’en disent ses défenseurs. « Ouais, mais tu sais, c’est sur les pistes de F1 que l’on améliore ta voiture, la F1 est un laboratoire pour les moteurs de demain ». Il y a sans doute un peu de vrai là-dedans mais la F1 a surtout une influence néfaste sur l’évolution des mentalités environnementales et sur les comportements des conducteurs lambda qui se prennent pour des Max Verstappen collant aux pare-chocs des conducteurs « lambins » (dont je suis) n’hésitant pas à prendre des risques jusqu’à couper la ligne blanche pour les doubler quand ils respectent les 30 ou 70 km/h, ce qui m’est encore arrivé hier et fait bénéficier d’un gracieux doigt d’honneur. D’accord, tous les fans de F1 ne sont pas comme ça mais nombreux d’entre eux s’imaginent quand même meilleurs conducteurs que les autres.

J’ai créé des pubs il y a très longtemps pour BMW, c’était au début de mes années de copywriter à l’agence Publicontrol, et je me souviens avoir commis le slogan suivant, une sorte de mantra, pour leur département sport automobile : VAINCRE POUR CONVAINCRE.

Aujourd’hui ce serait pour convaincre qui et de quoi, en fait ?

Photo motorsport.com

Miracle

Oui, je sais, j’ai la plume jardinière ces jours-ci..

Il faut dire que mon univers depuis que je suis rentré de vacances s’arrête aux haies et clôtures de ma vaste (?!?) propriété. Pas pour y flâner et bayer aux corneilles mais pour y bouter comme on dit chez nous. Aujourd’hui, c’était potager stakhanoviste.

C’est dingue comme cette parcelle de mon terrain change avec les saisons. Cet hiver, il n’y avait plus rien sauf de la glaise boueuse et quelques plantes agonisantes et buissons tristes. La rhubarbe, par exemple ? Je sais que j’en avais deux plants mais plus rien à la fin de l’hiver, ils avaient disparu. Juste à coté d’eux, le romarin n’était plus qu’un un squelette de bois mort, j’ai failli l’arracher avant de lui donner une dernière chance en le taillant à ras du sol.

Mais le soleil printanier et les pluies estivales réalisent des prodiges.

J’ai récolté aujourd’hui près de douze kilos de bâtons de rhubarbe et en dégageant leurs grandes feuilles, redécouvert un romarin vigoureux et odorant. Les morts ressuscitent, le jardin potager est un coin de terre miraculeux. Sur la clôture en bois, la vigne sauvage s’est surpassée, le raisin se ramassera par seaux entiers. Bon, ne fanfaronnons pas, il doit encore arriver à maturité, ce qui n’est pas certain. Pour l’instant, les grappes sont certes photogéniques mais ne portent que des raisins verts. Mais pas ceux de la colère, hein ! S’ils restent surs, on les savourera en ratafia avec quelques amis… sûrs.

Oui, le jardin est généreux, même si cette année le pommier est feignant, les poiriers radins et le mirabellier capricieux. De toute façon, on est gavés. Dans mon magasin de confitures privé dans ma cave, il y a encore des dizaines et des dizaines de pots dont des mirabelles de 2018.

Mais ce soir au menu en direct du producteur, haricots-princesses, laitues pommées, scaroles ou fenouils ?

Oh ! un peu de tout.       

Combat

Au retour des vacances, si tu possèdes un jardin, prépare-toi à devoir combattre.

Les herbes de tes pelouses sont devenues complètement folles, les légumes de ton potager montent en graines ou sont étouffés par le cruau, les haies poussent dans tous les sens, les ronces et les orties ont envahi les buissons de tes talus. Oui, prépare-toi à la bagarre pour remettre tout ça en état… surtout que le ciel ne semble pas d’humeur à te donner un coup de main, je veux dire un coup de soleil.

S’il continue à bruiner comme ça, pas question d’utiliser les outils électriques, il te faudra donc combattre armé d’un sécateur. Mais dans ce cas, n’espère pas venir à bout de ta jungle. Il te faudra donc scruter attentivement les nuages et saisir la moindre éclaircie pour sortir le taille-haie et profiter des moments relativement secs pour couper les branches des lauriers et des troènes, sectionner les lierres qui bouffent le mur de la terrasse et s’insinuent sous la toiture, ramener à la raison la glycine cinglée qui asphyxie les rosiers et s’enroule autour des gouttières.

Les nuages noirs ne te laisseront que peu de temps, tu devras faire vite, travailler sportivement, suant sous ton K-Way car la drache menace à tout instant. Di dju… plus je prends de l’âge et plus ce maudit taille-haie prend du poids mais ce n’est pas encore cet été-ci que je perdrai la bataille, le boulot prévu pour aujourd’hui sera fait malgré le ciel peu collaborant.

Pour la suite des opérations, on verra demain, après-demain et puis encore après après-demain.

The Passenger

Je l’ai trouvé sur mon volant hier soir, passager clandestin monté à bord de ma voiture par envie de s’évader de son quotidien et de découvrir de nouveaux horizons. Il est remonté de son Midi ensoleillé et bercé le soir par le chant joyeux des cigales pour débarquer dans un monde inconnu où la seule musique pour l’accueillir n’était que le plic-ploc lancinant des gouttes de pluie.

Il a longtemps hésité quand je lui ouvert la portière pour sauter dans sa nouvelle vie. Je ne suis pas sûr qu’il n’ait pas regretté à ce moment sa fugue vers le Noooorrrrrd et sa fraîcheur humide.

Il m’a donné envie de réécouter en boucle la sublime chanson d’Iggy Pop.

Le Retour

Après plus de deux semaines dans le Gard et en Camargue, me voilà de retour en Belgique. Pendant tout ce temps, je n’ai pas écrit une ligne, pas lu beaucoup plus, j’ai laissé les mots de côté pour profiter davantage de la vie, sans ordinateur, avec ma femme, quelques amis, la nature… et me suis mis au dessin. J’ai ouvert un carnet et tenté d’en remplir les pages, avec des crayons ou des feutres, d’instants et de lieux qui me plaisaient ou me marquaient. Soit faire avec des traits ce que je fais habituellement avec des phrases dans mes billets quotidiens. Presque chaque jour, j’ai envoyé sur ma page Facebook un croquis comme une carte postale à des amis qui me répondaient avec des pouces, des cœurs ou des mots sympas. Je ne continuerai pas à partager chaque jour des dessins mais seulement de temps en temps quand les mots me manqueront pour un billet. Je vais reprendre mon blog dans sa formule classique (une photo et quelques mots) que depuis, oups, presque déjà dix ans (4000 billets à ce jour !) je consacre à un fait ou une idée – un petit rien souvent – de ma vie quotidienne. Dorénavant, je me permettrai de l’illustrer parfois avec un dessin, même maladroit.

Aujourd’hui, ce qui m’a surtout marqué, c’est notre climat. J’avais oublié combien la pluie mouillait et refroidissait. Après deux semaines et demi à 30-35°, c’est un sérieux changement. Surtout qu’en Bourgogne où j’ai fait étape, l’orage nous a ramenés brutalement à la réalité en envoyant la foudre frapper le paratonnerre de notre hôtel en plein petit déjeuner. Grosse frayeur, électricité et informatique aux abonnés absents pour une bonne partie de la journée et grosses précipitations sur la route du retour. Ici en Belgique, avec le crachin, la bruine, la drache, la fraîcheur (15° degrés de moins que là-bas), les vacances ont l’air d’appartenir à un passé lointain. Quel climat de m… vivons-nous pensent les Belges en général, moi y compris. Et pourtant ! Quand je lis le journal ou regarde la télé, je me dis que sous les capuches de nos K-Way, nous avons beaucoup de chance.

En Grèce, en Sicile, en Sardaigne, en Corse, en Algérie, en Tunisie, … ils doivent en rêver de nos impers.

Pardon mais…

Jour de marché à Nivelles, bonne chance pour trouver une place de parking en ville. Je tourne et je tourne en vain mais au moment où je me décide à aller garer ma voiture assez loin du centre-ville, le miracle se produit. Juste devant moi, une voiture quitte son emplacement, j’ai du bol, et ce qui ne gâche rien, c’est samedi, pas besoin de ticket, c’est gratuit. Je marche donc jusqu’à la librairie en sifflant sous la pluie et vais m’asseoir au bistrot pour mon café et ma revue de presse

Quand je reviens à ma voiture vingt minutes plus tard, aïe, un papier de la police glissé sous l’essuie-glace m’avertit que j’ai commis une des fautes les plus minables qui soient : j’occupe un emplacement réservé aux personnes handicapées.

Je ne suis pas fier, dans une vie antérieure, j’ai créé quelques scripts-vidéos pour le Secrétariat d’État aux Personnes Handicapées dont la mission était de combattre les attitudes inciviques à leur égard comme, notamment, l’occupation de leurs parkings. Et voilà qu’aujourd’hui, c’est moi l’égoïste sans scrupules qui prend la place des handicapés sans prendre leur handicap. Mais j’ai une excuse, si je me suis garé là c’est parce que le panneau de signalisation était caché par un camion. Mais pas la peine d’expliquer cela, personne ne me croira. Je paierai donc l’amende qui ne manquera pas d’être salée.

Le camion qui cachait la plaque signalétique a quitté les lieux la laissant maintenant visible. Ce qu’un piéton bien-pensant et mêle-tout me fait comprendre en me la montrant du doigt et le secouant ensuite comme un prof de morale. Je bougonne ouais ça va, pardon… mais j’ai juste envie de lui montrer un doigt moi aussi… ce que je ne fais pas, bien sûr.