J’ai laissé la voiture au parking de la Porte de Namur, j’irai à pied jusqu’à la galerie où à lieu l’Expo Alain Godefroid. Une promenade, presqu’une randonnée, dans les petites rues de Bruxelles. Je ne viens jamais dans ces quartiers pittoresques et j’ai envie aujourd’hui de les parcourir comme un touriste. Je m’attarde au Square du Petit Sablon dont j’admire le jardin et les statues comme je ne l’ai jamais fait, je n’avais (disons que je ne prenais) pas le temps quand je travaillais. Ensuite je déambule dans les ruelles des Marolles pour me retrouver dans la Rue Haute que je confonds avec la Rue Blaes où se trouve le refuge de mon ami Alain que je ne trouve pas évidemment. Ah ! Un Wallon à Bruxelles, qué affaire ! Heureusement, j’ai Google Maps en poche pour retrouver les bons sentiers.
Voilà j’y suis enfin, 150 rue Blaes. Quel bonheur de nous revoir tous les trois ! Oui tous les trois, car César est là aussi. Dès qu’il me voit, il vient se frotter à mes jambes, il ne m’a pas oublié. Il y a dix ans, lors d’un séjour dans les Alpes, Alain avait recueilli ce bon gros toutou montagnard abandonné. Et comme à l’époque, je travaillais souvent chez lui, j’ai eu l’occasion de profiter de l’amitié de son chien.
César se sent bien dans cette galerie, il se vautre de bonheur sur le plancher. Aux cimaises sont accrochées les nouvelles peintures de son maître, de grands tableaux abstraits, inspirés de paysages de montagnes que l’artiste a imprimés dans sa mémoire et dans son cœur, « tu sais, Mich, de plus en plus c’est en montagne, entre 800 et 1000 m, que je me sens pleinement bien, totalement libéré, en osmose avec la terre, le vent, la nature, le chant des marmottes et le son des clarines ».
Quand il revient de ses nombreux périples en mini camping car, Alain plonge avec bonheur sur ses pinceaux et fixe sur ses toiles, mélangées et colorées avec virtuosité, les sensations et émotions qu’il a ressenties là-bas dans les Alpes, les Pyrénées, les Carpates, l’Atlas, la Haute Corse ou je ne sais où. Et quand on l’écoute raconter et qu’on regarde attentivement ses toiles, c’est vrai qu’on distingue des rochers dans un torrent, qu’on voit se coucher le soleil derrière un sommet enneigé ou qu’on frissonne devant la rousseur d’une forêt d’automne.
Comme un vol d’hirondelles, le temps passe vite dans ces montagnes d’huile, nous papotons beaucoup, certes des tableaux mais aussi de nos enfants, de nos amis, de quelques souvenirs, de nos vies. Une bonne heure de pur bonheur.
Quand je me suis retrouvé dans la rue, je me suis surpris à fredonner La Montagne de Jean Ferrat. Merci Alain pour ce beau moment et à dans un mois avec toute la bande.
Pourtant que la montagne est belle – Comment peut-on s’imaginer – En voyant un vol d’hirondelles – Que l’automne vient d’arriver