Moins dix degrés affichés sur mon smartphone. Et alors, ça ne fait pas peur à mon élagueur. À 8 heures précises, ça caille dur mais il est là avec son ouvrier, ses échelles et tronçonneuses, il vient toiletter le chêne en façade car ses branches risquent de toucher les fils électriques de la rue. Contrairement à de nombreuses idées reçues, le gel ne gêne absolument pas la taille des branches de moins de 10 cm de diamètre, il ne dérange – éventuellement – que le confort de celui qui taille. Mon élagueur et son pote, je l’ai déjà écrit, le froid ne les atteint pas, ce sont des mecs, des vrais, tout en silence et résistance.
J’ai voulu leur montrer que je n’étais pas encore complètement ramolli : après avoir bu un café avec eux à l’extérieur, « on ne va pas entrer dans la maison, Monsieur Collart, on risque de salir », j’ai ramassé quelques fagots et nettoyé le sol avec eux. Le soleil nous accompagnait, mais seulement pour le look, il ne réchauffait absolument rien, j’ai eu les bouts des doigts gelés après quelques minutes. Depuis mes années au Québec, j’avais oublié combien ça pince… j’ai allumé un feu dans le vieux tonneau rouillé et fait semblant de rien devant les bûcherons.
Mais, à leur sourire, je crois qu’ils ont bien vu que je frimais.