Archives mensuelles : novembre 2010

Le vent ne nous portera plus

Noir Désir ne chantera plus. Le groupe vient d’annoncer sa dissolution. La noirceur l’a emporté sur le rêve.

Je suis triste, mais sans doute est-ce mieux ainsi, est-ce moins « indécent » pour reprendre le mot d’un des membres du groupe. S’il ne s’était sabordé, le groupe aurait probablement suscité, à chaque concert ou nouvel album, une curiosité malsaine, avide d’écouter la voix d’un tueur et des accords de guitare joués par des mains d’assassin.

Oui, c’est mieux que Noir Désir mette fin à ses jours. Leurs superbes chansons garderont intacte leur magie et échapperont à toute ambiguïté.

Il y en a qui vont être contents en voyant la neige ce matin

Une marque de voiture dite prestigieuse diffuse depuis quelques semaines un spot radio qui commence par les mots suivants « Il a neigé toute la nuit, il a gelé à pierre fendre… » et cela, continue joyeusement la voix off, pour le plus grand plaisir du conducteur qui va pouvoir passer de plus longues heures au volant et apprécier les qualités de son véhicule. Tiens, si cela peut vous faire plaisir, je connais dans ma région plein de petites routes glissantes bordées d’arbres et de fossés. Et bonne nouvelle, elles n’ont pas été salées ce matin.

Bon amusement si vous êtes l’heureux propriétaire d’une voiture de cette marque.

Élections ?

Malgré la violence, le dénuement et le choléra, 5 millions de Haïtiens ont voté ce dimanche pour choisir leur président et leurs parlementaires. Mais, au fait, qu’attendent-ils de ces élections ?

Que la terre ne tremble plus sous leurs pieds, que le ciel ne tombe plus sur leurs têtes, que les épidémies n’emportent plus leurs enfants, que leurs maisons soient reconstruites, que leurs assiettes soient pleines… Comme dit l’un d’eux avant de déposer son bulletin de vote dans l’urne en carton : « Je viens voter pour ne plus être dans la misère ».

Lui et les autres n’ont pas vraiment été entendus : treize candidats sur dix-neuf ont déjà réclamé l’annulation du scrutin invoquant de nombreuses fraudes.

Je ne sais pas vous, mais moi quand j’entends parler d’éventuelles nouvelles élections ici, j’ai l’impression que nous sommes des sales gosses gâtés.

Coups de pied, coups de boule, morsures…

Non, je ne parle pas de football. Des coups de boule de Zidane et de Samuel Eto’o, des coups de dents de Suarez.

Non, je parle des coups de pied dans les salles de bains, des coups de boule dans les cuisines, des morsures dans les chambres à coucher. Des coups de gueule dans les bureaux.

C’est, en effet, aujourd’hui la Journée mondiale contre les violences faites aux femmes. Alors, si parfois, tu sens la colère te monter au nez et qu’il y a une femme près de toi, ne sors jamais les poings de tes poches.  Mais comme le chantait Eddy Mitchell ce matin dans ma voiture, « …te prends pas la tête…cool, cool…garde l’esprit rock’n’roll…» et donne lui un gros bisou.

 

Quel mot allez-vous sauver ?

La langue française compte environ 75000 mots selon le Grand Robert. Mais certains affirment que l’on pourrait atteindre les 500000 si on y ajoute les mots techniques. Difficile à croire et à vérifier.

D’après l’Oxford English Dictionary  www.oxforddictionaries.com, 95% des conversations en anglais seraient alimentées par environ 7000 mots et si l’on en croit le site www.educalire.net (banque d’exercices à l’usage de l’enseignement), la plupart des Français n’utiliseraient même pas 5000 mots.

Des dizaines de milliers de mots seraient donc en voie de disparition.

Pour les sauver, du moins en anglais, les dictionnaires Oxford ont créé le site « Save the Words » www.savethewords.org. Les internautes y sont invités à adopter un mot, à l’utiliser et à le diffuser le plus possible.

Si ce site existait en français, ventre-saint-gris, quel mot sauveriez-vous ?

 D’après « Préservons un idiome luxuriant » vu dans Union & Actions n°22 de UCM www.UCM.be

Populistes ?

Dimanche dernier, j’étais dans une brasserie en France et la télévision diffusait en direct le discours de clôture du congrès du parti de gauche au Mans. Jean-Luc Mélenchon, qu’on qualifie souvent de populiste, y assénait ses slogans avec vigueur et enthousiasme. Que de phrases-choc ! Que de virtuosité dans l’idée et la formulation. Deux exemples parmi cent : « Je suis de bruit et de fureur, de tumulte et de fracas » ou « Ce n’est pas la marchandise qui doit régner, c’est le peuple ».

Hier soir, je suis tombé par hasard sur un autre tribun, belge  cette fois. Lui aussi a son style, si je puis dire. Invité chez Cauet, Michel Daerden a lâché un très élégant « y a d’la meuf ce soir ».

Si Mélenchon est populiste, papa, il est quoi ?

 http://videos.lesoir.be/video/iLyROoafZAdX.html

 

Bon plan sur la VRT

Ce dimanche soir, la VRT proposait un excellent reportage sur l’avenir de la Belgique. Dans le cadre de l’émission « Panorama », le journaliste Ivan De Vadder a rencontré une dizaine d’experts flamands pour les interroger sur la faisabilité de ce qu’on appelle le « plan B », c’est-à-dire la scission de la Belgique.

J’ai apprécié l’objectivité, la rigueur et la nuance de ce documentaire. Et surtout ce qu’il démontre, me semble-t-il, assez clairement : des  commentaires des experts, il ressort, sans équivoque, combien le scénario d’une scission serait celui d’une aventure d’une complexité inimaginable, coûteuse et incertaine pour tous les Belges. Tous. Flamands, Wallons et Bruxellois. À l’évocation de la scission de la sécurité sociale, une spécialiste a même qualifié de « recul de civilisation » l’idée de recroqueviller la solidarité sur des entités plus petites.

Quand est-ce que tous les responsables politiques à la table des négociations pour la réforme du pays vont enfin se décider à faire « une avancée de civilisation » ?

 http://actua.canvas.be/panorama/deze-week/panorama-2111-plan-b/

 

Pourquoi ce sont toujours les mêmes qui sont en grève ?

Mon portefeuille est vide. Comme les trois distributeurs de billets où j’ai tenté, en vain, de me réapprovisionner ce matin. Les travailleurs de la Brink’s sont en grève, les transports de fonds ne sont plus assurés correctement.

Bon, les grévistes ont de sérieuses raisons d’être en colère mais, une fois de plus, c’est Monsieur et Madame Tout le Monde qui sont dans les problèmes. Vous avez remarqué combien ce sont toujours des secteurs importants dans la vie des gens qui se mettent en grève ? Les aiguilleurs du ciel quand arrivent les vacances, les transport en commun à la rentrée, les infirmières au début de l’hiver, etc.

Moi j’aimerais bien que ça change. Et que dorénavant le droit de grève ne soit plus exclusivement accordé qu’aux secteurs qui embêtent les gens. Comme, par exemple, les boîtes de télévente qui appellent le soir pour fourguer du vin californien ou des fauteuils à floches. Ou les sociétés qui placent des papillons sous les essuie-glaces des véhicules qui n’ont pas un disque de parking. Ou encore tous ces contrôleurs de trucs comme le gaz, l’électricité, le taux de cholestérol et d’alcoolémie, le contrôle technique automobile… and last but not least… les contributions.

Assurer, c’est d’abord rassurer

Les assureurs n’ont pas souvent une bonne réputation. Toujours plus prompts à percevoir les primes qu’à indemniser les victimes, c’est l’idée de la majorité dont je fais partie.

Après les inondations de ce week-end,  j’ai donc ouvert l’œil pour voir leurs réactions. Et bien, je dois dire qu’ils m’ont étonné ! Dès le mardi matin, Wauthier Robyns, le porte d’Assuralia, la fédération des entreprises d’assurance, déclarait dans la presse « Nous ne devons pas seulement être là pour un carreau cassé. Notre métier, c’est aussi d’intervenir pour des sinistres plus graves » et d’enchaîner en rassurant les victimes sur la capacité et l’engagement des compagnies à faire face à leurs obligations. Normal, me direz-vous ? Oui, mais on n’est plus habitué aux choses normales dans ce pays.

Mais ce n’est pas tout, j’ai vu une annonce grand format dans la presse quotidienne. Pas pour faire de la pub. Mais pour rassurer les clients. Clairement. KBC-CBC invitait, en effet, ses assurés victimes de dégâts des eaux à prendre contact avec leurs agents. Et il n’y avait ni astérisques ni textes en corps 4 dans le bas de l’annonce. Encore normal, me direz-vous ? Sans doute, sauf que cette annonce était dans le journal le mardi matin. Même pas deux jours après le pic du sinistre. Quand on connaît les délais de création, de production et de réservation d’une pub dans la presse, c’est un petit exploit.

C’est rassurant des assureurs qui font bien leur boulot.

Un p’tit stage svp…

C’est le moment pour de nombreux étudiants en création d’aller frapper aux portes des agences de pub pour y entrer en stage. Dur, dur, il n’y aura pas de la place pour tout le monde. Alors, chacun y va de son idée pour attirer l’attention. Une des plus spectaculaires est sans doute celle de ces deux jeunes jouant les SDF dans la Gare du Nord et quémandant un rendez-vous chez Duval Guillaume. Le concept est percutant, drôle et a créé un buzz sur Twitter. Bravo les gars et attention aux courants d’air !

Je déconseillerai cependant à mes étudiants d’en faire autant. Un bon concept, ce n’est pas seulement une idée « waow ». Ce doit être aussi un positionnement relevant comme disent les Anglo-Saxons. C’est-à-dire pertinent et enrichissant pour la « marque » et le produit. Pour deux jeunes créatifs, est-ce vraiment une stratégie gagnante de se positionner comme des mendiants et de tendre la main ? Personnellement, je ne le pense pas. Je crois au contraire qu’il vaudrait mieux se présenter comme « apporteurs » au lieu de « demandeurs ».

John Fitzgerald Kennedy disait« Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays ». J’ai envie de dire modestement la même chose aux jeunes chercheurs de stages « demandez-vous ce que vous pouvez faire pour l’agence où vous sollicitez un poste ». Et j’ajouterais « qu’avez-vous à me montrer pour prouver que vous en êtes capable ? ».

Si vous êtes vraiment fort, vous verrez que c’est l’agence qui deviendra « demandeuse ».

http://guillaumevds.posterous.com/how-to-apply-for-a-job-at-duval-guillaume