Archives mensuelles : février 2011

Dior, j’abhorre

Dior, jusqu’il y a quelques jours, cela signifiait lumière, talent, légèreté. Succès. Depuis plus de soixante ans. Les premières créations de Christian triomphent, en effet, dès l’après-guerre et depuis, les plus grands stylistes, de Cardin à Lagerfeld, ont prêté leur griffe à cette icône de l’élégance.

Voilà maintenant une bonne dizaine d’années qu’un ange fou, John Galliano, assure la direction artistique de cette grande maison avec, je trouve, pas mal de génie. Excentricité, audace, provoc et plaisir sont toujours au rendez-vous de ses défilés.

Mais patatras.

L’ange picole. Et devient un monstre. Sous ses chapeaux insensés, son cerveau déraille. Engendre des idées malades. Qui lui tordent la bouche et lui font dire des horreurs. Répercutées par les médias et le net à la vitesse de l’éclair.

Et soudain l’empire Dior tremble. De la beauté à la laideur, il n’y a qu’un pas.

Galliano est aussitôt écarté. Mais quid de la nouvelle collection ? Défilera, défilera pas vendredi prochain ? La maison a-t-elle un autre génie en réserve ? Et le parfum ? Ça ne risque pas de puer de ce côté-là ?

C’est terrible comme une marque, même quand elle est grande et belle, cela reste toujours fragile.

Pas fier

Non, je ne suis pas fier ce soir. Pas fier d’être Wallon. Pas fier de voir ces ouvriers de la FN Herstal mener une action de « débrayage » et envoyer leurs délégués syndicaux se plaindre à la télé. Outre leur grogne concernant une question d’augmentation salariale, les grévistes entendent montrer leur colère face à cette « menace sur 4.500 emplois » que représente le projet de décret du gouvernement wallon durcissant la procédure d’octroi des licences d’exportation d’armes. Il fallait quand même réagir aux polémiques soulevées par l’utilisation d’armes wallonnes contre le peuple libyen. Et l’équipe de Rudy Delmotte n’est pas restée les bras croisés.

Je comprends que les ouvriers de la FN s’inquiètent pour leurs jobs, j’accepte volontiers qu’ils manifestent pour leur avenir, mais pas aujourd’hui. Il y a des jours, en effet, où il faut avoir le sens de la mesure. Savoir faire preuve de décence. Je dirais même plus : savoir faire preuve de compassion. Comment parler de primes et de chèques-repas alors que des centaines – des milliers ? – de Libyens tombent les mains nues face à des militaires lourdement équipés. D’armes wallonnes entre autres.

Bien sûr, nous ne sommes pas responsables de la sauvagerie du Colonel Voyou. Mais pas d’hypocrisie non plus : ne faisons pas semblant de croire que les armes que nous vendons n’ont qu’un but dissuasif. Et ne sont donc jamais utilisées. Mais je ne veux donner de leçons à personne ni verser dans l’angélisme.

Non, je répète simplement que je ne suis pas fier ce soir. On aurait pu se taire du côté d’Herstal. Oublier le beurre dans nos épinards. Et avoir une pensée pour le sang dans le sable.

Ne pas confondre F et S

J’aime les débats politiques sur les chaînes françaises. Quelle différence de qualité de langage avec les nôtres. Hier, sur FR2, Guillaume Durand recevait Alain Duhamel, l’éditorialiste politique de RTL.

En une phrase apparemment anodine, ce dernier a distingué, de manière magistrale, le journalisme d’investigation de la presse people. À une auditrice qui lui demandait s’il n’avait pas un secret à révéler au sujet d’un des quatre présidents – VGE, Mitterrand, Chirac, Sarkozy- qu’il avait côtoyés durant sa carrière, il a simplement répondu « Non, les hommes politiques, je m’intéresse à ce qu’ils font, pas à ce qu’ils sont ».

Merci Monsieur le Journaliste !

 

On aura toujours raison de l’ouvrir

Mon journal préféré lance sa nouvelle campagne de pub. Avec un concept-slogan formidable : « On aura toujours raison de l’ouvrir ». Ouvrir Le Soir, ouvrir sa bouche, ouvrir les bras, ouvrir son cœur. Mais pas forcément ouvrir sa télé ou son ordinateur pour regarder le spot de lancement très décevant. Une succession d’images-clichés sans intérêt qui « gadgétisent » le message. Dommage !

Bon, ce n’est que mon avis, hein. Mais, comme le disait Audiard, « ce n’est pas parce que je n’ai rien à dire que je vais fermer ma g… ».

http://videos.lesoir.be/video/iLyROoafzcIJ.html

Mais comment fait-elle ?

Elle a coincé son GSM entre son épaule et sa joue. Elle parle, parle, parle. Elle rit aussi et bien que je ne l’entende pas, je crois bien qu’elle crie.

Elle a une cigarette allumée- attention la cendre ! – entre l’index et le majeur de la main gauche, les autres doigts étant occupés à tenir un carnet qu’elle feuillette de la main droite. Ah oui, elle a aussi un stylo entre l’index et le majeur de celle-ci. Elle griffonne vite quelques mots.

Et du coude, elle conduit sa Mini dans les files sur le ring à Waterloo.

Non mais c’est dangereux une automobiliste comme elle : on la regarde en se demandant comment elle fait tant de choses à la fois et, bing, on emboutit le véhicule devant soi.

Ouf, j’ai juste eu le temps de freiner.

Sublime dégueulasse

« C’est le seul génie qui ressemble à une poubelle ».

C’est en ces termes que Pierre Desproges parlait de Serge Gainsbourg. Ce n’est pas vraiment le ton de l’émission que Michel Drucker lui consacre ce soir à l’occasion du 20ème anniversaire de sa mort. Mais je ne vais pas faire le grincheux : les chansons restent sublimes. Mais trop « joliment rendues », comme le dit Gilles Verlan le biographe de Serge, par des Fiori, Grégoire, Bénabar, Jordana et autres que je ne connais pas. Oh, il y a bien Jean-Louis Aubert ou Benjamin Bioley pour jouer les poètes maudits, mais ils n’ont pas l’âme aussi mal rasée que celle de Serge.

Heureusement, l’émission nous restitue quelques grands flashes-back comme ce formidable duo où un Serge lubrique et une divine Catherine Deneuve interprétent « Dieu est un fumeur de Havane ».  

Michel Drucker ne pourra pas éviter d’évoquer le Gainsbourg voyou, mais il le fera « gentiment ». En interviewant Patrick Sabatier, bien connu pour être le plus hard des présentateurs TV. Et il repassera, évidemment, pour la millième fois, les « scandales » de Gainsbourg déclarant sa flamme, à sa manière, à Witney Houston ou brûlant un billet de 500 francs. Mais il évitera le vrai Gainsbarre odieux, celui qui, entre autres, insulta de manière abjecte la chanteuse Catherine Ringer.

Moi, c’était ce que j’aimais chez Gainsbourg : ce grand écart permanent entre fragilité et violence, sublime et bassesse, beauté et mocheté. Fleurs du mal, racines de la poésie. « La provocation pour moi est une dynamique » disait-il.

Reviens Serge, ma télé est trop clean.

Slogan de printemps

Hier midi. Il fait beau, le ciel est bleu, la campagne aux abords de Bois-Seigneur-Isaac resplendit. Là un lapin, là un bourgeon, là, sur le muret, un joyeux siffleur. Je roule doucement, la fenêtre déjà entrouverte, on respire.

À l’arrière de la voiture, mon petit fils de 4 ans me demande d’allumer la radio : « Papi, écoute la météo pour voir si le printemps arrive ». Je lui dis que c’est encore trop tôt mais qu’il ne faudra plus patienter que quelques semaines.

Il me répond qu’il a envie que ce beau soleil brille toujours ainsi « le froid sera mort de chaud ».

Si un chauffagiste ou un voyagiste a besoin d’un bon slogan, je peux le brancher sur le jeune rédacteur.

 

Et si on s’excusait ? Tous !

Non mais ça va pas ? C’est quoi ce déchaînement ? Ce déchirement ?

 C’est quoi ces medias qui blessent l’autre communauté ? Cette montée d’émotions incontrôlées ? Ces reportages maladroits d’un côté, instrumentalisés de l’autre ? C’est quoi ce mépris mutuel ?

C’est quoi ces politiques qui refusent de parler aux journaux qui ne sont pas d’accord avec eux ? Et qui vont  jusqu’à les comparer à du papier de toilette ?

Et puis, c’est quoi ces citoyens qui s’insultent et vomissent leurs commentaires nauséabonds dans les forums de discussion ? Et ces types qui entartent les hommes politiques qui ne leur plaisent pas ?

Dieu merci, il y a encore des sages. Le jour des funérailles de Madame Morel, j’ai lu un tweet d’un journaliste francophone, Charles Bricman, de très grande classe :  « je suis de ceux qui mettent un point d’honneur à ne tirer ni sur les ambulances, ni sur les corbillards ». Et aujourd’hui, sur le même sujet, j’ai lu une analyse fine (une de plus) du politologue flamand Dave Sinardet http://slink.fr/ygrwi qui nous rappelle l’importance du sens de la nuance. 

Allez, on se calme et on s’excuse tous.

Belgium zero point

Je me fiche éperdument de l’Eurovision. Et encore plus de la chanson qui y représentera la Belgique.

Mais il y a une attitude qui m’énerve dans ce pays : celle qui méprise le goût populaire et snobe la recherche du succès. On veut bien participer au grand concours de la daube européenne mais pas question d’y envoyer de la soupe.

Non, nous les Belges – surtout les francophones – nous nous croyons plus subtils, plus fins, plus cultivés que tous ces faiseurs de ritournelles sucrées et de tubes collants. Voyons, on ne va pas envoyer des chansons comme celles-là, mais on voudrait bien gagner quand même.

La dernière fois, nous avons participé avec des paroles « yaourt » sur une jolie mélodie et Urban Trad a terminé deuxième. Avec un vrai bon texte, ils auraient sans doute gagné.

Cette année, on choisit une chanson « a capella » c’est-à-dire sans accompagnement instrumental. Alors que des stars viennent enregistrer dans nos studios pour la qualité de nos musiciens !

Oh ! j’ai écouté « With Love Baby », le morceau élu, interprété par le groupe Witloof Bay. Ça swingue pas mal et c’est vocalement virtuose… mais côté émotions, je doute qu’il dégèle les millions de téléspectateurs de L’Eurovision.

Pour réchauffer les cœurs, c’est bien connu, rien ne vaut une soupe. Une soupe de qualité, bien sûr !

http://www.saveursdumonde.net/recettes/recettes-par-categorie/soupe-potage/

 

Photo pour la St Valentin

Il y a deux ou trois jours , le jury du 54ème World Press Photo Contest a primé Jodi Bieber, une photographe sud-américaine, pour le portrait d’une jeune Afghane mutilée par les Talibans pour avoir fui les violences que lui imposait son mari.

Cette photo nous rappelle qu’en ce jour de St Valentin, des millions de femmes ne recevront ni parfum, ni bijoux, ni chocolats. Ni bisous.

http://www.worldpressphoto.org/index.php?option=com_photogallery&task=vie…