Archives mensuelles : juillet 2015

Waterloo 12h20

Naturalmente, y’a pas la lagune

Y’a pas non plus le Grand Canal

Ni le Pont des Soupirs

Ni les gondoles et leurs chanteurs de sérénades

Non, ici y’a le bitume

Des bagnoles et leurs moteurs qui swinguent

Mais y’a aussi du soleil

De jolies ragazze sur la terrasse

Des antipasti, des pastas et des pizzas à la carte

Y’ a de l’Italie dans l’air

Des glaçons et du spritz dans mon verre

Et surtout y’a mon ami Phil

Qui va arriver dans 5 minutes

Viva la dolce vita

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Demain, on s’indigne pourquoi ?

C’est génial Facebook pour les indignés du pouce et de l’index.

Chaque jour, on peut monter sur ses grands claviers, signer des pétitions, mener des combats pour toutes les causes, juste du bout des doigts sans sortir de son fauteuil.

Et ces derniers jours, les « scandales »qui indignent n’ont pas manqué : un coureur cycliste qui pédale plus vite que son ombre, il y a de l’EPO là dessous. Crachons dans sa gueule !

Un vieux gourou de la réclame ajoute une provoc à celles qu’il a débitées durant toute sa vie à savoir qu’un SDF peut économiser de l’argent s’il fait des efforts. Jetons-le à la rue !

Un roi saoudien fait régner sa loi – misogyne – sur le sable d’une plage française. Renvoyons-le dans les dunes de son désert, et avec lui tous les Arabes tant qu’on y est !

Un dentiste américain chasseur à l’arc « puriste » tue d’une flèche bien placée un magnifique lion au Zimbabwe. Explosons-lui les dents à l’aide de son arc-arbalète à poulie !

Et à l’instant, je viens de lire que la maison Hermès abat des crocodiles pour fabriquer ses sacs à main en croco – m’enfin, qui l’eut cru ? – nommés Birkin. Jane est révoltée et a demandé qu’on les débaptise. Je suis sûr qu’on va voir bientôt de nombreux internautes proposer qu’on jette les designers de la marque aux sauriens. J’adore !

Vivement demain pour savoir quel sera le sujet d’indignation du jour.

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Photo provenant de http://www.lemonde.fr

Dopé et cool

La pharmacie n’est pas loin, je vais m’y rendre à vélo.

Hop le casque sur la tête, hop hop les bas des jeans roulés dans les serre-pantalons. Bonjour le look et en avant les pédales !

Moi, j’ai tous les types de routes : des pavés, une côte à 9% dans un passage étroit (bon, pas très longue, elle doit faire environ une quinzaine de mètres) et pour terminer, une ligne droite macadamisée avant d’arriver sur le parking en gravier où je pourrai exécuter un petit dérapage contrôlé après mon sprint.

J’entre dans l’officine et je fais ma commande, mon docteur m’a aidé à établir la liste avant son départ en vacances : du Redoxvita pour la résistance aux agressions extérieures, du Sotalol pour le ryhtme cardiaque, de l’Amoxicilline contre les infections bactériennes, de l’Ibrupofen contre la douleur, de l’Oralmedic contre les aphtes, un spray de Neogolaseptine contre le mal de gorge, etc. etc.

J’accroche au guidon le sac en plastique de la pharmacienne rempli de drogues diverses et j’attaque l’étape retour à la maison. Et, ça c’est cool, sur le parcours, personne ne m’a hué, personne ne m’a jeté de la pisse au visage, personne ne m’a craché dessus, personne ne m’a fait un bras d’honneur. Pourtant, je dois bien l’avouer, je suis chargé.

Mais j’ai sans doute la chance de ne pas être Britannique ni de rouler en France.

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Excursion & rédaction

Un des grands avantages d’être grand-père c’est de pouvoir mener des activités d’enfant sans qu’on vous demande si ça va bien dans votre tête.

J’imagine, en effet, la réaction de ma femme si je lui avais proposé d’aller visiter la citadelle de Dinant et sa plaine de jeux, d’y monter en téléphérique malgré le vent, d’aller ensuite manger une boulette sauce tomate avec des frites ou un spaghetti bolo et de passer l’après-midi en croisière sur la Meuse sur le pont d’un bateau-mouche, sous la pluie.

Et bien, j’ai fait tout cela aujourd’hui, et bien plus, sans qu’on n’y trouve rien d’anormal puisque j’étais accompagné de mon petit-fils Awen. Quelle excursion, quelle journée, quelle aventure. Entre chevaliers en armure, soldats allemands à casques à pointe et bateliers en vareuse rayée à la Jean-Paul Gaultier.

Tout d’abord, premier frisson, nous avons franchi en voiture, sans encombres et sans griffer la carrosserie, l’étroit passage du rocher Bayard. La dernière fois que j’étais passé par là, c’était en car scolaire il y a bien plus d’un demi-siècle et je me souviens que le chauffeur avait dû rabattre ses rétroviseurs pour ne pas toucher les parois rocheuses. Ensuite, quelques palpitations cardiaques dans le téléphérique qui monte à la citadelle, le vent est fort et la cabine balance. Nous ne sommes que deux à bord et pas rassurés du tout, mais la vue est superbe et nous ferons un « beautiful selfie » que nous garderons en souvenir rien que pour nous deux.

La visite de la citadelle est impressionnante à plusieurs titres : la construction est imposante, sévère et spectaculaire. Elle nous fait un peu penser à Fort Boyard. De nombreux canons et boulets de toutes tailles sont encore là dans la grande cour de la garnison. Nous soulevons un des plus petits boulets et nous nous rendons compte combien c’est lourd. On se regarde et on se dit que ça devait faire du dégât quand on en recevait un sur la cafetière.

Dans les salles sombres et humides de la citadelle, nous découvrons une remarquable expo (dessins, photos, films en noir et blanc) sur la guerre 14-18 relatant le dramatique mois d’août 1914 qui ensanglanta la ville. Horribles combats à la baïonnette qui firent plus de 1000 victimes aussi bien du côté allemand que français (l’armée belge n’était pas à Dinant mais bien à Liège et Namur, les autres endroits où les Allemands pouvaient traverser la Meuse). Et surtout l’affreuse fusillade-génocide de 674 civils (hommes, femmes et enfants) en représailles de soi-disant attaques de francs-tireurs. L’expo est poignante, Awen et moi sommes bouleversés, mais au dernier panneau illustrant les ombres de soldats allemands nous nous sommes quand même relâchés pour la photo-souvenir.

Après la visite, nous retrouvons Mamie qui était restée en bas dans la ville pour flâner dans quelques magasins et la Collégiale. Nous choisissons un resto plus pour la vue qu’il offre sur le fleuve que pour sa carte sommaire. On s’en fout, des boulettes et des spaghett’s, nous on trouve ça chouette. Et là, comme aujourd’hui on a tous 8 ans, Mamie et Awen dessinent sur la nappe en papier et moi dans mon petit carnet en attendant de pouvoir embarquer sur le bateau-mouche. Leurs croquis sont trop bien (normal pour une prof de dessin et un élève doué), on les gardera donc aussi rien que pour nous. Vous ne verrez donc que le mien.

La croisière de l’après-midi sera très belle bien que mouillée, le décor des rochers et des forêts qui bordent la Meuse est tout simplement sublime. De temps en temps, le commandant de bord attire notre attention sur une abbaye bucolique au bord de l’eau, un pont en pierres de l’époque romaine, le joli château de Freyr et les falaises du même nom où l’on distingue quelques alpinistes accrochés.

Il a plu, on n’est pas partis loin, mais c’était bien.

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Dégage !

Deux nouvelles petites poulettes sont arrivées dans le poulailler.

Waow ! Que d’espace ici. Une prairie, de l’herbe, une mare, deux ou trois casseroles d’eau fraîche, une cabane remplie de paille, ça va nous changer de l’élevage où nous étions entassées les unes sur les autres et surtout de ce carton dans lequel on nous a emballées pour le voyage et où on avait juste envie de chanter «qu’est-ce qu’on est serré au fond de cette boîte chantent les sardines chantent les sardines ».

Mais voilà, il y a un hic. Ou plutôt quatre : le terrain est déjà occupé par quatre vieilles poules. Oh ! Il y a de la place pour vingt fois plus, mais les anciennes n’ont pas l’air d’apprécier notre arrivée. Qu’elles se rassurent, on ne va pas les embêter. Quand elles iront à la mare, nous irons nous balader sous la haie. Le soir, on couchera dans un petit coin de la cahute, pas sur leur perchoir. Et on ne piquera pas leurs graines. D’ailleurs, le maître des lieux, surtout quand il est accompagné de ses petits assistants, est très généreux avec le maïs, la farine pondeuse et les restes de table. Il nous jette de quoi nourrir des régiments de poules. Alors, allons-y gaiement, picorons, picorons ! Mais que se passe-t-il ? Elle est dingue cette vieille rousse qui nous tombe à bec raccourci sur le râble, enfin je veux dire sur le dos ? Qu’est-ce qu’elle piaille ?

– Touche pas à notre blé, dégage, t’es pas chez toi ici…

Parfois, qu’est-ce que c’est con la vieille volaille.

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Beau ou sale temps ?

« Il ne faut pas dire « Quel sale temps » mais « C’est un beau jour de pluie ». » (Extrait de la nouvelle « Un beau jour de pluie publiée » dans le recueil « Odette Toulemonde et autres histoires » d’Eric-Emmanuel Schmitt).

Un gros coup de tonnerre suivi d’une pluie battante sur les ardoises au dessus de ma tête m’ont réveillé brusquement ce matin. Oh non, le temps ne va pas se détraquer me dis-je avant de me lever du pied gauche. J’avais prévu de faire tant de choses à l’extérieur aujourd’hui. Et puis, brrr, fait pas chaud quand j’ouvre la fenêtre, le thermomètre patauge autour des 12 degrés. Zut alors, quel triste matin d’été, qu’est-ce que je vais me mettre sur le dos ? Pas cette chemise à manches courtes ni ce jeans bermuda que j’enfile depuis quelques jours pour chipoter dans le jardin. Non, je vais m’habiller comme en automne, chemise à carreaux, pull ras du cou, pantalon velours et chaussettes dans les Docksides. Une tenue idéale pour s’asseoir dans le grand fauteuil en osier en face de la porte-fenêtre qui donne sur la terrasse bombardée par la douche.

Et ouvrir un nouveau livre. Oui mais lequel ? Sous la main, j’ai « Jules » de Didier van Cauwelaert, « Un Dieu un animal » de Jérôme Ferrari et « Lorsque j’étais une œuvre d’art » d’Eric-Emmanuel Schmitt. Lisons les quatrièmes de couverture avant de choisir. Voilà, c’est fait, je vais opter pour « Jules » : la dernière phrase du quatrième de couverture le décrit comme étant « Un livre qui rend heureux ».

Faudra bien ça pour ce beau week-end de pluie !

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Jules – Didier van Cauwelaert (éd. Albin Michel)

Taxe pour incompétence ?

Mon iPhone vibre dans ma poche.

On était bien là sur cette terrasse au bord de la Meuse à savourer notre assiette ardennaise, j’aurais dû couper ce maudit téléphone, mais j’ai oublié. Alors puisqu’il insistait, j’ai regardé, c’était un mail de mon comptable : « Cher Monsieur Collart, sur base des revenus déclarés, l’impôt estimé s’établit à la somme de +/- xxxx,xx € que vous aurez à payer au Service Public Federal Finances, bla bla bla ».

Gloups, un ange passe ou plutôt un diable, j’avale ma tranche de jambon de travers. Combien ? Ça alors, je ne m’attendais quand même pas à autant, ils vont me plumer ! Si je compte bien, c’est près de 40% de la rémunération de mes cours. Bientôt, ça ne vaudra plus la peine de continuer à les donner.

Je ne peux m’empêcher d’informer ma femme du contenu de ce mail, ce qui ternit un peu l’ambiance de notre repas de vacances… sauf que notre petit Awen nous accompagne et qu’il a tout entendu et compris à sa façon. Il fronce les sourcils pour me montrer qu’il compatit et m’interroge : « Dis papi, c’est parce que tu donnes pas bien tes cours qu’ils te font payer tout ça ? ».

Allez, je rigole et je reprends une Leffe.

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Stairway to heaven

J’en ai marre, voilà deux mois que je suis harcelé par les vertiges positionnels. Il y a des jours avec et des jours sans. Ils vont et viennent. Disparaissent quelques jours après la kiné et récidivent inopinément quand j’arrache une mauvaise herbe ou que je lève la tête pour prendre un bouquin sur l’étagère. Alors, re-kiné, re-disparition et puis re-retour. Oh ! pas fort. Juste assez pour m’infliger une légère mais désagréable sensation d’état d’ébriété. Il suffit de m’asseoir et tout va mieux. Mais bon, ça ne m’arrange pas, je ne suis pas du genre à rester le cul dans un fauteuil.

Ce matin, ça va plutôt bien, alors j’ai sorti les outils de jardin et me suis mis au boulot. Une activité que j’apprécie et qui me permet de laisser vagabonder ma tête aussi longtemps que les cristaux récalcitrants veulent bien cesser de voyager dans mon labyrinthe vestibulaire. Alors que je passe avec ma tondeuse à gazon près de l’échelle posée contre le cerisier, une association mentale fait remonter à mon cerveau quelques paroles d’une des plus belles chansons de tous les temps : « There’s a lady who’s sure all that glitters is gold – And she’s buying a stairway to heaven ». Non seulement une des plus belles, mais aussi une des plus longues, 8 minutes avec le solo de guitare mythique de Page.

Et si j’oubliais mes VPPB pendant 8 minutes ? Le temps d’emprunter mon échelle personnelle pour le paradis et d’aller cueillir un dessert céleste pour ce midi, quelques cerises que les anges noirs qui sifflent et qui rôdent au dessus de ma tête n’auront pas. Je m’accroche, je me concentre, j’allume mon iPhone sur youtube Led Zep… pour 8 minutes sans vertiges bénins.

Mais un vertige divin.

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À défaut de pouvoir partager mes cerises, bienvenue sur l’échelle stairway to heaven

Pas facile

– Bonjour Mademoiselle, je viens rechercher Max, il participe au stage « sport de balles »…

– C’est le groupe des petits qui jouent au volley là-bas au fond de la salle de sports, Monsieur…

– OK merci… hello Max… je suis là… ça va ?

– Salut papi, j’arrive…

– Alors, c’était chouette la journée ?

– Oui, sauf le tennis…

Sa monitrice intervient et me dit qu’il a un peu pleuré ce matin car il avait des difficultés au cours de tennis, mais par contre qu’il a très bien joué au volley et au basket.

– J’ sais bien faire rebondir la balle comme ça avec ma main  (il mime) mais j’ sais pas frapper avec ma raquette comme ça (il mime le service)…

– Ah bon ? Mais tu m’as pourtant dit un jour que tu jouais bien au tennis…

– Oui, mais pas avec une balle.

– 😉

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Babolat Ballfighter 17 pour enfant

Bonne fête

Je ramasse les jouets qui traînent, et parmi ceux-ci un puzzle qui me rappelle qu’aujourd’hui, c’est notre fête nationale. La fête de la Belgique, ce pays constitué de pièces détachées, qui peuvent être imbriquées de manière plus ou moins compliquée pour faire un tout, montable et démontable à souhait.

Un multi-pays que j’aime bien, en fait. Un peu par chauvinisme probablement, mais surtout parce que c’est un pays caméléon, qui ne marche pas au pas, qui ne se la pète pas, qui n’idolâtre pas ses couleurs (elles ne sont pas très sexy à vrai dire), un pays qui ne fait pas de son nez, bref un pays qui ne se prend pas pour une nation.

Non, ce que j’aime dans mon pays, ce sont les gens, leur caractère, leur bonne humeur sous une bougonnerie ou timidité apparente. Leur humour aussi, leur façon de ne pas se prendre au sérieux, leur manque d’arrogance. Je n’ai pas passé beaucoup de 21 juillet en Belgique, j’étais quasi toujours à l’étranger, en vacances ou pour le travail. Mais ce qui m’a frappé, où que je sois, c’est cette bonhomie des Belges qui se retrouvaient, par hasard le plus souvent, au bar de l’hôtel pour boire un verre à la santé de leur pays. De la bière bien sûr avec quelques frites molles et grasses (puisque ce n’était pas chez nous). Les familles flamandes se mettaient alors à parler français avec les Carolos et les Liégeois qui baragouinaient à peine trois mots de néerlandais. Sans faire de tralala, sans agiter de drapeaux, sans chanter d’hymne national la main sur le cœur. D’ailleurs qui connaît les paroles de la Brabançonne, à part quelques Diables Rouges et Marc Wilmots ?

Et le lendemain du 21 juillet, les Belges de l’hôtel se disaient bonjour à la piscine mais, ouf, de loin et ne groupaient pas leurs parasols et leurs transats pour créer un coin national.

C’est ça que j’aime chez mes compatriotes (du moins la plupart encore en tout cas), cette absence d’orgueil national, d’appartenance identitaire, de haute idée de soi et de l’État. Et la solidarité nationale là-dedans, elle est où ? Elle est dans la vie de tous les jours. Du moins jusqu’à présent, et j’espère – humour belge ? – que cela va durer encore longtemps.

Allez, une fois, bonne fête nationale (pas nationaliste, hein !) à tous.

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