Archives mensuelles : Mai 2014

Non fumeur ?  

C’est la journée mondiale sans tabac. Je viens de l’apprendre par le petit écran où défilent tabacologues, dentistes, médecins, psychologues, fumeurs et non-fumeurs qui y vont chacun de leur témoignage. Je les écoute attentivement car je me sens toujours très concerné par le sujet. Je compte mentalement : je dois vivre aujourd’hui aux alentours de ma trois mille deux cent cinquantième journée sans tabac. J’ai, en effet, éteint mon dernier mégot au retour de vacances corses en 2005. J’avais peu fumé pendant mon séjour sur l’Île de Beauté, d’une part parce que c’était interdit sur les sentiers de randonnée dans le maquis et d’autre part parce que dans le vent, sur les plages ou le pont des bateaux, ce n’était pas spécialement agréable. Je pensais d’ailleurs déjà sérieusement à arrêter pour de bon, depuis trop longtemps je sentais que ce poison me rongeait la forme et me polluait la vie.

Mais quand j’ai repris le chemin du travail, j’ai aussitôt retrouvé mes mauvais réflexes : première cigarette avec le café du matin, deuxième avec le deuxième, troisième avec le premier tour de ma clé de contact dans la voiture, suivantes dans le trafic, etc. Mais après deux ou trois jours, j’en ai eu ras les poumons.

Un beau matin de ciel bleu, au premier ralentissement des voitures sur l’autoroute, comme d’habitude, j’allume ma énième cigarette du matin, je tousse, j’ai un haut le cœur – les premières clopes de la journée me donnaient depuis quelques mois la nausée – et… au lieu de la porter à ma bouche, je me dis que ça suffit, je l’écrase dans le cendrier plein, je baisse la vitre de ma voiture et la balance sur le bitume. Je sais, ce n’est pas bien. Pire, j’ai balancé ensuite tout mon paquet de Barclay et j’ai vu dans mon rétroviseur la voiture qui me suivait l’écrabouiller.

Je n’ai plus fumé depuis. C’était en juillet, il faisait beau et j’ai passé un été épouvantable car à chaque instant, je crevais d’envie de recommencer. Mais pas question, j’avais jeté aussi tous les cendriers de la maison, sauf le beau que nous avions acheté lors d’un voyage au Maroc planqué dans l’armoire à brols de la cave. J’ai pensé plusieurs fois le rapporter dans le living, mais j’aurais eu l’air de quoi aux yeux de ma femme et de mes filles. Et des miens. J’ai donc tenu bon. Et aujourd’hui, j’en suis tellement heureux.

Depuis près de dix ans, j’apprécie les odeurs du jardin, je goûte la saveur des aliments ainsi que les parfums et arômes des bonnes bières et du vin, j’ai de bonnes jambes sur le terrain de tennis, j’ai des poumons à nouveau propres, un cœur en bonne santé, des dents blanches et une haleine fraîche.

Mais de temps à autre, attention, le démon se réveille. Oh ! pas longtemps. Quelques secondes seulement. Le temps de croiser un fumeur qui exhale un nuage bleu de Gitanes qui vous chatouille les narines. Le temps d’apercevoir – et d’envier – un ouvrier qui se réchauffe les mains autour d’une l’allumette qui craque et d’une cigarette qui rougeoie. Le temps de respirer, comme cette après-midi entre deux tailles de haies, assis sur le vieux tronc derrière ma cabane là où j’ai eu l’habitude pendant trente ans de me griller une bonne sèche et de siroter une bière fraîche pour me reposer après le boulot dans le jardin. De temps à autre, rarement Dieu merci, l’envie d’une bonne petite cigarette me titille, un fumeur ne devient jamais un non fumeur.

Juste un fumeur qui n’allume plus de cigarette.

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Winner spirit

« Tu serres les dents, tu cognes de toutes tes forces et à chaque frappe, tu cries, tu gémis, tu rugis d’une voix aigüe et rauque à la fois. Allez, essaie. Non, pas comme ça, recommence. Plus fort, plus haut, allez lâche tout. Voilà. Maintenant, tu serres le poing, tu fléchis le coude, tu le tires vers le bas d’un geste brusque et tu hurles yessss. Tu te redresses, tu penches la tête en arrière, tu te frappes le cœur et tu gueules come on en regardant dans les yeux – injectés de furie – ton coach, tes parents, tes frères, tes sœurs et la foule qui t’imitent. »

Moi j’aimais bien le tennis quand on souriait sur le terrain, mais ça c’était avant.

Et puis, miracle, il y a Djoko qui se marre avec un ramasseur de balles.

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Bonne réponse

Qui était Untel ? (2 points)

Dans mon questionnaire d’examen, une petite vacherie pour départager les ex-aequo et récompenser les étudiants qui consultent régulièrement mon blog de cours pour y suivre les liens qui illustrent et complètent mon blabla.

Très peu de réponses précises, majorité d’approximations, d’erreurs ou de blancs. Je reconnais que la question était un peu vicieuse. Mais une réponse m’a bien fait rire et je lui ai accordé les deux points qu’elle valait car elle n’était pas fausse et créative :

– C’était quelqu’un de célèbre resté dans les mémoires, mais pas la mienne…

Rien à redire, c’est juste !

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Bon appétit

Je patiente dans la file aux caisses du Carrefour. Autour de moi, des rayons débordant de bouffe. Pour l’estomac : des saucisses, du jambon d’Ardenne, des boudins bio… Pour la cervelle, des bouquins en vrac. Dans le bac, au choix, des livres de photos, des témoignages de stars, des romans d’amour, des thrillers, … Et des deux côtés, des offres à ne pas manquer ! Pour le ventre, 4 chipolatas barbecue à seulement 3 €. Pour la tête, un bestseller au prix irrésistible de 5 €. Je souris, le rayon charcuterie juste à côté des livres, ce n’est pas fréquent. Mais au fond, ça remet les esprits et les egos en place.

Il existe de la charcuterie géniale et de la littérature qui sent le pâté.

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Rouge

Hier, je tenais un gros crayon rouge. Pour faire quelques gros points sur des bulletins de vote. Aujourd’hui, j’utilise une pointe Bic rouge pour donner des points sur des feuilles d’examens. Dans les deux cas, il est question d’avenir. J’espère que le Bic d’aujourd’hui débouchera sur des résultats plus optimistes que le crayon d’hier.

Dans quelques mois, les jeunes qui ont rempli les questionnaires que j’épluche ce soir seront lancés sur le marché de l’emploi. J’espère de tout cœur qu’ils ne resteront pas sur le carreau. Mieux, qu’ils décolleront ! J’y travaille le mieux que je peux à mon niveau, certains d’entre eux y travaillent à fond. D’autres non. Le job de mon Bic rouge n’est pas de les sanctionner mais de les stimuler.

Après, les amis, … just do it !

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Sale week-end

Tout était réuni pour que ce soit bien. Le soleil brillait, il y avait de la musique dans les rues de Bruxelles, des odeurs de barbecue dans les jardins de Belgique et de France, un de mes petit-fils qui fêtait son anniversaire avec ses amis à la ferme, des fleurs et des cadeaux pour les mamans de nos voisins, les premiers matches à Roland-Garros, un nouveau livre de Francis Dannemark sur ma table de chevet, recommandé par ma libraire ce samedi matin et portant un joli titre  « Aux anges »… tout était réuni pour que ce soit un beau week-end et que j’écrive un énième billet insouciant et de bonne humeur. Mais.

Mais la bête s’est réveillée. S’était-elle vraiment endormie un jour ? La haine du Juif a tué. Encore. J’ai mal au cœur pour mes amis George, Johanna, Michel, Eric, Elie, Sam, … J’ai honte aussi.

J’ai honte de mon petit bonheur dans mon petit cocon et de cette télé que j’éteins quand les éructations et les horreurs menacent de le troubler. Oui, j’ai honte de mon indifférence, de mon manque de vigilance, de mes haussements d’épaules devant la montée des idées brunes et la banalisation des crachats antisémites et racistes. Et ce matin, quand j’ai lu les résultats électoraux au niveau européen, je me suis pincé. Ça n’en finira donc jamais ?

 

Demain, on vote

Je reviens du marché de Nivelles et sur la route, le ciel est menaçant. Je m’arrête à l’entrée de mon village pour prendre cette photo. Beaucoup de nuages gris, quelques coins de ciel lumineux. Je pense au vote de demain.

Sur la Grand-Place où avait lieu le marché ce matin, des hommes et des femmes que je ne connais pas m’ont serré la main – jamais on ne m’avait dit autant bonjour un samedi matin – et distribué des tracts de toutes les couleurs. Des bleus, des rouges, des orange, des verts…. des noirs aussi. J’ai dit merci à tous et suis entré dans un bistrot – on ne me changera plus – pour les parcourir. J’ai vite abandonné cette littérature soûlante pour me consacrer plutôt à la lecture de mon journal. Mais lui aussi parle des élections sous un titre interpellant : « Le sort de la Belgique se joue dans les urnes ». Ni plus ni moins. « Ce dimanche, poursuit Le Soir, … une Belgique nouvelle pourrait voir le jour ». Et s’ensuit un superbe éditorial de Béatrice Delvaux rappelant les enjeux de fond des trois scrutins : régional, fédéral et européen. Quels que soit nos choix et convictions et notre vision de l’organisation de nos sociétés, une crainte : la montée des extrémismes bêtes, haineux et destructeurs.

À entendre les conversations de comptoir autour de moi, ce n’est pas gagné !

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Chaud !

Mon petit Maxime fête ses 5 ans aujourd’hui avec une dizaine de copains et de copines. Au programme, une après-midi à la ferme avec balade en tracteur dans les champs, visite des étables et contact direct avec les animaux, initiation à la traite des vaches, la fabrication du beurre et du fromage, jeux divers dans la prairie… mais avec la bande à Max, tout peut vite déraper et devenir match de foot dans le poulailler, bagarre d’œufs et de bottes de foin, rodéo dans la bergerie, escalades et acrobaties dans la grange. J’ai d’ailleurs surpris quelques entraînements ces derniers jours dans la cour de récré.

Je me concentre et me repose toute la matinée, zen et cool, car je me prépare à accompagner la petite troupe, en compagnie de ma fille Laurence, la maman de Maxime. Les animateurs de la ferme exigent en effet la présence de deux adultes pour encadrer les stagiaires trop turbulents.

Ça risque d’être chaud !

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Voisine

Cet après-midi, j’ai pris le temps de m’arrêter devant la propriété d’une belle voisine, simplement parce qu’il faisait beau et que j’avais envie d’échanger quelques mots gentils avec elle. Comme elle était occupée à admirer les pâquerettes et les boutons d’or qui parsèment sa pelouse, je l’ai appelée pour qu’elle lève le nez de ses fleurs. Dès qu’elle m’a vu, elle est venue vers moi au petit trot, ravie que quelqu’un s’intéresse à elle et vienne lui faire un brin de causette. Comme je la trouve pas mal, je lui ai demandé si elle acceptait que je la prenne en photo. Coquette, elle n’a pas dit oui tout de suite et s’est mise à gambader autour de son jardin. Mais malgré ses airs timides, j’ai bien vu qu’elle était joyeuse car à plusieurs reprises, elle a fait des bonds.

Après quelques minutes, elle s’est calmée et a secoué la tête pour remettre en place sa longue chevelure blonde avant de venir enfin prendre la pose devant mon appareil photo.

Elle est jolie ma voisine, non ?

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Quel mot ?

Cet après-midi à la banque. Avec mon nouveau conseiller, nous passons en revue mon (petit) portefeuille. Objectif : explications et rationalisation. Le banquier est bavard. Il me détaille en long et en large les différents types d’épargne et de placements qu’il peut « m’offrir » – ce mot n’est pas vraiment adéquat, je corrige donc, en souriant par « proposer ». Mais au préalable, il veut réévaluer mon profil d’investisseur : dynamique ? neutre ? défensif ? Je lui réponds : « Échaudé » depuis la crise de 2008 qui a vu ma banque boire la tasse et une partie de mes économies avec. Des années plus tôt, j’avais suivi ses conseils m’incitant à investir en toute sécurité (?) et en bon père de famille dans ses actions qui ont fondu comme beurre dans les épinards.

Il sourit jaune et avec beaucoup de circonvolutions et précautions oratoires, il passe en revue quelques fonds de placements – on ne sait jamais – qui pourraient m’intéresser. Devant ma moue sceptique, il me demande – on ne sait jamais encore une fois – si je ne serais pas du genre par mon éducation, mes opinions, mon âge, mes envies … porté vers des investissements nouveaux, plus modernes, plus originaux:

«… je veux dire, cher Monsieur, plus préoccupés d’environnement et de développement durable… plus, comment dire ? euh… ? 

– … plus éthiques ?

– … c’est cela, Monsieur, c’est le mot que je cherchais… »

Il y a des mots qui ne se prononcent pas spontanément dans le monde bancaire.

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