Côté recto, celui que je connais bien, Habib Harem est un copain de tennis. Côté verso, celui que je ne connais pas, il est aussi un artiste-graveur de talent. Je suis allé à la découverte de ce « verso » dans l’ancienne petite gare de Morlanwelz, la Garalar, où il expose ses « Trou(v)ées » des gravures créées à partir de débris ramassés à gauche et à droite, de ci de là.
Cette accueillante salle d’expo est à deux pas du célèbre Musée archéologique de Mariemont, un heureux hasard pour Habib qui est féru d’archéologie. Depuis son plus jeune âge, m’explique-il, il ramasse des vieilles pierres, des bris de poterie, des plaques de métal, bref tout ce qu’il trouve et même, ajoute-t-il en rigolant, des pièces de monnaie quand il a de la chance.
Sa découverte de Rembrandt lors d’un cours à l’athénée de son adolescence le décide à s’orienter vers des études artistiques qui le mèneront à la gravure. Les œuvres qu’il expose aujourd’hui sont des mélanges de différentes techniques, gravure essentiellement mais aussi peinture, superpositions, découpes… à partir de débris métalliques rouillés et retravaillés, qui évoquent pour lui des vestiges de vie, des fragments de rêve, des lambeaux d’émotions.
Souvent, ses œuvres abstraites présentent deux facettes, le recto et le verso, aux tonalités et feelings différents. Chacun y voit ce qu’il veut ou plutôt ce qu’il ressent. Tantôt blancheur lumineuse d’un fragment de marbre ou de stuc ancien, tantôt grisaille d’un poumon de mineur borain. Comme je l’ai écrit dans son livre d’or, chaque pièce est un voyage imaginaire dans un rêve ou un cauchemar, correspondant aux moments recto ou verso de nos vies.
Une expo vibrante, passionnante, émouvante (voir Affiche expo)