Douces piques

L’acupunctrice vient de me faire entrer dans la salle de soins, elle me demande de patienter quelques minutes. J’ouvre mon journal et, je vous jure que c’est vrai, je tombe sur ce dessin de Philippe Geluck. Le hasard existe, je viens de le rencontrer. Aujourd’hui, la cible, c’est moi, je suis venu ici pour me faire piquer. Mes migraines, ras le bol !

La spécialiste ne m’a encore rien dit, rien fait et je me sens déjà mieux. Ce dessin me fait rire et estompe les coups de marteau dans mon crâne. Mais surtout, je me retrouve dans un endroit lié à des moments heureux de ma vie. Le cabinet d’acupuncture est installé dans une ancienne gare, celle de ma jeunesse où je prenais le train chaque jour pour l’université et ensuite – presque chaque jour aussi – pour aller retrouver celle qui deviendrait ma femme quelques années plus tard. Cette gare fut aussi un repaire important pour les résistants pendant la guerre, je connais beaucoup de son histoire par mon parrain qui en faisait partie et qui m’a raconté, pendant nos longues promenades d’enfance et d’adolescence, tant d’anecdotes qu’il ne partageait qu’avec moi, un résistant ne dévoile pas ses secrets à n’importe qui. Je raconte tout ça à la doctoresse chinoise qui me confie avoir déniché des stocks d’armes dans les faux-plafonds de la gare désaffectée quand elle et son mari la transformèrent en habitation.

Ainsi, avant même d’avoir répondu à la première question du long interrogatoire sur mon état de santé, je ressens déjà de nombreux bienfaits de cette consultation médicale. Je ne dirai rien sur le diagnostic et la séance d’aiguilles qui appartiennent au secret médical sauf qu’ils ajouteront confiance et détente à mon ressenti. En fin de séance, la praticienne me recommanda de boire beaucoup jusqu’à la prochaine.

« Mais attention, beaucoup d’eau, très peu de bière et de vin, n’est-ce pas ». C’est sa seule petite pique que j’ai trouvée douloureuse.

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