Archives mensuelles : juin 2024

Regarde…

Regarde ta balle ! Combien de fois ne me l’a-t-on pas rappelé !

Quand j’ai commencé le tennis en 1985 au Québec avec André un collègue de travail, nous allions deux fois par semaine prendre des leçons pendant le temps de midi au Club de l’île des Sœurs. Des souvenirs magnifiques mais pas toujours évidents. Passer d’une éducation « foot » à celle du tennis n’est pas simple. Notre coach, un Français d’origine mais Québécois depuis son enfance, me le répétait sans cesse : « Regarde ta balle ! Ne joue pas de face, ce n’est pas comme au soccer (le foot) où l’on ne regarde pas le ballon mais le terrain et ses coéquipiers. Au tennis, si tu quittes la balle des yeux ne fut-ce qu’une seconde, boum, t’es mort, c’est fichu, tu perds le point. En fait, tu dois la fixer du regard au point de pouvoir distinguer une mouche dessus ». Facile à dire mais pas évident quand on est vite distrait comme moi.

Ce matin, par exemple. Je lance la balle très haut pour servir, je m’émerveille de ce beau ciel bleu, enfin c’est l’été, il fait beau, on ne savait plus que cette couleur azur existait…et bardaff, mon service s’écrase dans le filet, deux fois de suite, double faute, la honte, 0-15.

Je me reconcentre pour le second service, nouveau lancer de balle, cette fois oh ! tout là-haut, un avion de ligne dessine une jolie traînée blanche, il va où pour les vacances ? Espagne, Maroc, Grèce ? Ma balle, elle, s’envole tout droit dans le filet… 0-30. Grrr…

Il faut vraiment me reconcentrer et la regarder intensément. Troisième service, lancer parfait, coin coin coin, quelques canards survolent le terrain pour aller atterrir sur l’étang de la Dodaine… mais cette fois, je reste focus sur ma petite balle jaune et clac, service gagnant. Non, vous autres en face, vous ne gagnerez pas ce jeu ! Ce n’est quand même pas un ciel bleu qui va me faire perdre un match, non mais allo quoi ?

  

Summertime

Nous aurions normalement dû partir cette semaine dans le Gard pour l’atelier d’aquarelle annuel de Marie-Thérèse. Une tradition de plus de 20 ans. Mais le destin en a décidé autrement, nous n’irons pas cet été et probablement pas non plus les étés prochains.

Qu’à cela ne tienne, nous avons voyagé quand même cet après-midi, plongeant dans le grand écran bleu de la télé de sa chambre nous emmenant en Bretagne à la découverte de la magnifique île de Bréhat en compagnie du chanteur Raphaël et son ami Gaëtan Roussel du groupe Louise Attaque. Une mini-croisière sur son petit bateau de pêche entre rochers, phares et chapelles. Sous un ciel et sur des vagues de toute beauté.

J’ai repris ensuite ma voiture pour rentrer à la maison, traversant les jolis paysages de ma campagne, un peu, beaucoup, plus gris que ceux que je venais de quitter. On s’offrait quinze jours d’aquarelle les étés précédents, 1001 nuances de peinture à l’eau. Cette année, on aura plutôt 1001 nuances d’eau… sans peinture.

Comme on dit, on met sa capuche et « on fait avec ».

  

Di d’ju

Oui je sais je sais, du pain et des jeux…

Oui je sais je sais, les drapeaux, les hymnes nationaux dans les stades, les ultranationalismes… je sais.

Je sais je sais, le foot, la télé, les gazettes de sport, la politique de l’autruche…

Je sais… quoique j’aie entendu quand même quelques stars françaises (dont Kylian Mbappé) avoir le courage de profiter de leur notoriété pour inciter leurs concitoyens à voter contre les extrêmes. J’apprécie ! Le foot n’est pas un sport pratiqué ou apprécié que par ceux qui n’ont qu’un neurone comme le répète régulièrement un de mes amis anti-baballe.

Moi, vous le savez, j’aime le ballon rond et les footeux depuis les cours de récré de mon enfance aux pelouses de ma jeunesse et aux bords des terrains synthétiques de ma vieillesse avec mes petits fils.

Alors à chaque grande compèt internationale, je suis accro à mes écrans et j’attache un drapeau belge à ma fenêtre en espérant que ses couleurs flottent au vent le plus longtemps possible. Aujourd’hui, di d’ju, ce n’était pas top pour un premier match mais pas question de le mettre en berne, rien n’est joué, tout reste à faire.

Allez les Diables, allez les couleurs rouge, jaune et noir… et toutes les autres, tout cela n’est que du jeu et de la joie.      

Transparence

Mais comment je faisais avant ? Qu’est-ce que je voyais ? Voyais-je seulement quelque chose dans le brouillard ?

Je suis allé hier chercher mes nouveaux verres de lunettes. Visite de mon ophtalmo il y a une semaine et ce vendredi opticien pour les tests de vision. Incroyable ! Je n’avais jamais vu aussi « clair » depuis des lustres. J’ai même pu lire les dernières lignes en mini caractères sur le carton de contrôle sans poser mon nez dessus. C’est dingue et ce sera encore mieux, m’ assuré le spécialiste, dans six mois quand j’aurai subi l’opération de la cataracte. J’ai juste de nouveaux verres en attendant que ma situation soit plus favorable pour cette intervention.

La nouvelle transparence de mes lunettes est moins due aux corrections de dioptrie qu’à la netteté des verres qui ne sont pas griffés, opaques, dépigmentés et, n’ayons pas peur des mots, dégueulasses comme les anciens que je n’ai jamais vraiment entretenus comme il le fallait, les essuyant souvent avec la première « loque » à portée de main.

Quand on aura décrassé mes deux cristallins, il paraît que ce sera une révélation encore plus spectaculaire, quasi miraculeuse. Mais je vais voir à travers tout ou quoi ? Mon frère Jacques qui s’est fait opéré il y a quelques années n’en revenait pas : « J’avais oublié que le ciel était bleu (enfin parfois), que les arbres étaient verts, je voyais tout en flouté gris. La seule mauvaise surprise que j’ai eue, c’est quand je t’ai revu en vrai » m’avait-il dit en rigolant. 🤓

Art & Amis

J’ai fait une jolie balade hier soir à travers les paysages oniriques de mon ami Alain Godefroid. Il expose à l’Atelier 64 avec Yetty Colard (sculpture) pendant une petite semaine au 64 rue de l’abbaye à Ixelles.

Ciels rougeoyants, panoramas en 50 nuances de verts, arabesques de nuages gris et de bleus profonds, tous ses paysages entre abstrait et figuratif sont inspirés très peu de ses voyages mais essentiellement de ses rêves et de son imagination débordante. Et ce qui caractérise ses œuvres, ce sont ses tracés de lignes claires en tourbillons, en pointillés ou en serpentins, selon ses mots, qui les dynamisent. J’ai surtout apprécié ses petits tableaux très décoratifs quand ils sont accrochés en série de trois ou quatre.

Les sculptures en terre cuite de sa co-exposante sont également très inspirantes, représentant des groupes de danseurs, abstraits eux aussi, dans des attitudes légères et élégantes.

J’ai eu le bonheur de croiser à ce vernissage quelques amis et connaissances et ai même été manger une croquette aux crevettes au Toucan voisin avec trois d’entre eux. Une belle soirée improvisée qui m’a littéralement changé d’horizons.

Si vous aussi avez envie de changer d’air et de couleurs, ne manquez pas d’aller y faire un tour.

Expo Alain Godefroid – Atelier 64 les mercredi 12, jeudi 13, vendredi 14 de 18 à 21h. Samedi 15 et dimanche 16 de 15 à 18h.

Crise d’identité

Il faut faire très attention aujourd’hui à la manière dont on aborde les gens.

J’ai lu qu’un.e individu.e s’était offusqué.e quand lors d’un contrôle de police, l’agent s’est adressé à iel en lui disant « Bonjour Monsieur, puis-je voir vos papiers ». Ne me dites pas Monsieur, je ne suis pas un homme ! « Ah, répond le flic, je croyais vu la barbe, je vous demande pardon Madame ». Ne me dites pas Madame non plus, je ne suis pas une femme. « Euh, je dis quoi alors ? ».

De nos jours, de plus en plus de personnes semblent se sentir mal dans leur corps et leur tête…  ou alors c’est peut-être parce qu’aujourd’hui on en parle davantage qu’autrefois.

En me baladant ce matin au jardin, je me suis demandé si cette tendance ne touchait pas aussi les plantes. Je me suis en effet interrogé devant mon cerisier, qui paraît être en pleine crise d’identité.

On dirait qu’il se prend pour un olivier !

Malaise

Petite embrouille surréaliste ce matin dans mon bureau de vote.

L’assesseur à l’accueil me fait patienter car il y a un souci. Un électeur ou une électrice a oublié de reprendre sa convocation et sa carte d’identité après avoir voté. Le président du bureau demande à un type un peu bizarre si c’est à lui. Le gars complètement dans le gaz répond de manière incohérente, il semble ivre ou drogué ou les deux à la fois. Mais ce n’est pas lui, il a ses documents en mains. Oups et il a voté ? Je ne suis pas sûr qu’il ait su bien viser avec le crayon rouge. La deuxième personne que le président interroge est un vieux monsieur qui ne comprend rien et qui montre son oreille pour signifier qu’il est sourd. Mais ce n’est pas lui non plus.

On sent un peu de nervosité du côté des assesseurs. Déjà un problème alors qu’on vient d’ouvrir le bureau il y a peine une demi-heure. Le président s’adresse alors à tous ceux qui sont présents pour demander à qui appartient cette carte d’identité et crie le nom qui figure dessus : vous n’allez pas me croire mais je vous jure que c’est vrai, c’est Mr ou Mme Malaise 😉

Bon dimanche d’élections à tous !

Graffiti de campagne

L’amour est dans le pré. Dans le champ. Sur le mur du château.

Je prends l’air, je marche au milieu de nulle part et au détour d’un bosquet, sur le mur du château, je découvre un graffiti. Une déclaration d’amour. JE T’AIME… woaw c’est beau !

Je pense d’abord que le garçon qui a peint cette déclaration ne manque pas d’audace. Il a risqué la chevrotine du garde-chasse dans les fesses pour les beaux-yeux de sa dulcinée. Mais en même temps, je me dis que c’est un couillon, un couard. C’est qui sa belle ? Il n’a pas écrit « Je t’aime Françoise, Chloé ou Marie ». Et lui, le Roméo, il s’appelle comment ? Il n’a pas signé son cri par « Pierrot, Luc ou John ». Bref, il s’agit d’un message anonyme, sans engagement, sans risque. Si demain, il arrive à ce Roméo-tagueur de ne plus aimer la Juliette pour laquelle il a peinturluré ces mots, ils pourront servir pour la suivante. Je t’aime moi non plus.

L’amour, à mon sens, ce n’est pas clamer « je t’aime » sur tous les toits ni le clasher sur tous les murs, c’est oser le dire, le murmurer et le répéter, jour après jour, entre quatre murs, entre quatre-z-yeux. Les yeux dans les yeux.

Égoportrait

Les Québécois ont souvent une belle façon de faire avancer la langue française. À la place de l’affreux « selfie », ils disent « égoportrait ». Non pas auto mais égo. Car cette photo que l’on prend de soi pour la publier ensuite sur les réseaux sociaux n’est rien d’autre qu’un hymne à soi, un hommage à son nombril, l’exaltation de son narcissisme, un cliché de son égo. Je l’avoue, je l’assume.

Mais, entre nous, je ne crois pas pas être le seul… nous sommes, en effet, au moins quelques millions à nous être pris en photo face au miroir d’une cabine d’ascenseur. Autrefois, le fantasme de l’ascenseur était de s’y retrouver seul avec une jolie femme ou un beau mec (c’est selon) et de l’accompagner jusqu’à l’étage le plus élevé voire même le septième ciel. Aujourd’hui, pour beaucoup d’entre nous, c’est plutôt de se retrouver seul avec soi-même devant la glace, smartphone en main, pour immortaliser son sourire, sa silhouette ou alors, dans mon cas aujourd’hui, une nouvelle casquette et une nouvelle paire de baskets qui me donnent l’illusion de paraître plus jeune que mon âge.

Illusion, le mot est lâché. Que ne ferait-on pas pour les réseaux sociaux, cette vie parallèle, cette grande évasion, ce monde du « je pose, donc je suis » ? Et moi comme les autres, avec mon iPhone, comme un ado septuagénaire, je m’égophotographie. « Mais tu ne crains rien pour ta vie privée, tu sais que Facebook pourrait utiliser ta photo sans ton consentement ? »

Ils peuvent s’ils le veulent… peut-être même que cela me ferait plaisir 🤣😆😉